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DES NERFS, DES ARTÈRES ET DES VEINES.

La différence entre la partie droite et la partie gauche du thorax étant telle, rappelons-nous qu’avec les artères carotides descendent l’un et l’autre nerf (pneumo-gastriques), maintenus fortement en place par les parties voisines et par des membranes communes. Il était donc nécessaire d’amener l’un et l’autre nerf à l’endroit où naissent d’abord l’une et l’autre artère dont j’ai parlé tout à l’heure, puis de ces nerfs d’en détacher une partie qui devait revenir au larynx ; mais comme il faut que les nerfs changent leur direction descendante contre une direction ascendante, ils ont nécessairement besoin de flexion.

Quel est donc pour l’un et l’autre nerf le meilleur mode de flexion ? Le nerf gauche ne pouvait se replier à l’endroit où naît la carotide ; car la partie de la grande artère qui remonte vers le sternum et de laquelle se détache la carotide, est à peu près perpendiculaire ou n’a qu’une légère inclinaison vers la droite du thorax. L’autre branche de l’artère ascendante, branche qui se porte vers l’épaule gauche et le bras (sous-clavière), a aussi une position presque semblable ; car elle est à peu près entièrement perpendiculaire, ne faisant que pencher légèrement vers la gauche. Il ne reste donc plus au nerf d’autre moyen de flexion que le tronc même de la grande artère, admirablement disposé, non-seulement par sa grandeur, mais encore par sa force et sa position, pour l’utilité du nerf. C’est donc cette artère que la nature a choisie, et enroulant à sa base le rameau de la sixième paire, elle l’applique pendant son ascension sur la trachée-artère, en sorte que, porté sur celle-ci, il remonte en toute sécurité vers le larynx. Dans les parties droites du thorax il n’y avait aucun moyen semblable de flexion. Ne cherchez donc point une flexion qui n’existe pas, et n’accusez pas la nature qui a imaginé pour l’un et pour l’autre nerf des flexions différentes ; mais examinez s’il était possible de trouver dans la partie gauche du thorax une flexion préférable à celle que nous indiquons. Vous n’en trouverez pas une autre qui lui soit préférable, de même que vous ne pourrez découvrir dans la partie droite une autre préférable à celle qu’a imaginée la nature.

Quel est donc à droite ce mode de flexion ? Il est difficile d’expliquer par des mots un art si prodigieux. On ne saurait se faire une idée des moyens ingénieux créés par la nature pour