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DES NERFS, DES ARTÈRES ET DES VEINES.

pand sur les corps secs et minces, pour humecter continuellement, d’une humeur onctueuse naturelle, ces corps sujets à se dessécher et à se durcir rapidement par suite d’une abstinence prolongée de travaux violents ou par de fortes chaleurs. La substance des glandes qui sert à consolider les vaisseaux, là où les ramifications se séparent (cf. VI, iv ; t. I, p. 392), n’a pour cet usage aucun besoin de nerfs, non plus que de sensation ou de mouvement volontaire. Mais les glandes destinées à produire des humeurs utiles à l’animal, pourvues de veines et d’artères visibles et parfois grandes, reçoivent aussi des nerfs de la même façon que toutes les parties que je vais examiner.

La nature a disposé chez les animaux pour le mouvement volontaire un genre d’organes qu’on nomme muscles. Aussi, bien que tous les nerfs soient doués des deux facultés (je veux dire la sensation et le mouvement), aucune des autres parties qui reçoivent des nerfs ne se meut, elles ne font que sentir ; tels sont, par exemple, la peau, les membranes, les tuniques, les artères, les veines, les intestins et la matrice, la vessie et l’estomac, tous les viscères et l’une des espèces de glandes. Qu’est-il besoin de dire aussi que les organes des sens réclamaient des nerfs pour sentir ? Nous l’avons déjà dit précédemment à propos de tous ces organes dans les livres qui les concernent (voy. liv. VIII, ix et x).

Il est nécessaire maintenant de rappeler aussi que sur aucune des parties la nature n’a inséré inutilement un nerf, qu’elle les a insérés sur celles qui avaient besoin de sensation seulement ou de mouvement volontaire, et que loin de les distribuer au hasard, elle a donné à celles qui devaient être douées d’une sensation exacte tous les nerfs mous, à celles qui devaient jouir du mouvement volontaire tous les nerfs durs, à celles qui devaient posséder l’un et l’autre les deux sortes de nerfs ; la nature, dans sa prévoyance, ayant ménagé, ce me semble, pour la sensation, un nerf plus propre à recevoir l’impression, et pour le mouvement un nerf plus capable d’action. Aussi tous les organes qui ne sont pas simplement doués du mouvement volontaire, mais qui possèdent encore une sensation supérieure à la sensation commune à toutes les parties, c’est-à-dire au tact, comme les yeux, les oreilles, la langue (voy. Hoffm., l. l., p. 349) ; ces organes sont pourvus de la double espèce de nerfs, c’est-à-dire des mous et des