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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XV, vii-viii.

comment cela s’opère-t-il, nous ne pouvons à cet égard qu’admirer. Pour ces dispositions et pour toutes les autres relatives à l’enfantement, la nature trouve des expédients admirables. En effet, elle a veillé avec soin à ce que le fœtus arrive au col de la matrice dans la position convenable, à ce qu’il en sorte sans se blesser, et sans se luxer aucun membre, en engageant d’abord la tête du fœtus dans le col de la matrice et en ouvrant ainsi la route aux autres parties. Si le fœtus pour sortir se présentait obliquement ou en travers, ou s’il se présentait dans le sens de sa longueur, ce qui arrive dans des cas rares, mais non pas comme il le fait régulièrement en insérant d’abord la tête dans le col, ou si la jambe ou la main se présente avant la tête, alors la sortie devient difficile pour les autres membres. Donc sur trois ou quatre présentations défavorables, si une fois seulement le fœtus ne pouvait sortir, il arriverait ainsi que sur quatre cents fœtus, par exemple, cent trouveraient obstacle à leur sortie ; mais c’est à peine si cela arrive une fois sur des milliers de cas. Ce fait doit nous remettre en mémoire les avantages dont nous a gratifiés l’habileté de l’artiste qui nous a créés, et nous manifeste clairement non-seulement sa sagesse, mais encore sa puissance. Quel est, en effet, le Phidias ou le Polyclète assez habile artiste pour ne commettre qu’une faute parmi des milliers d’œuvres d’une exécution difficile ?

Mais la nature ne mérite-t-elle nos éloges que pour ces seules dispositions ? ou bien n’avons-nous pas encore omis de signaler la plus admirable de toutes les merveilles ? c’est que cette même nature enseigne à l’être naissant les fonctions de toutes ses parties. Elle n’a pas seulement disposé une bouche, un œsophage et un estomac, comme organes de l’alimentation, mais elle a rendu l’animal à peine né immédiatement capable de s’en servir, en le mettant, par son propre enseignement, en possession d’une certaine faculté instinctive qui dirige chaque animal vers l’aliment qui lui convient. Nous expliquerons ailleurs ce qui sous ce rapport concerne les autres animaux. Pour l’homme la nature a préparé le lait comme aliment, et elle fait coïncider deux choses à un terme préfixe, l’aliment dans les mamelles de la mère, le mouvement spontané qui porte le nourrisson à user de ce lait ; car si l’on introduit le bout de la mamelle dans la bouche du nouveau-né, à l’instant il le presse avec la bouche, à l’instant il attire le