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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XV, vi-vii.

pesanteur, difficile à mouvoir s’il avait une chair semblable aux autres viscères. Il est donc juste ici encore d’admirer la nature, qui, au temps où le poumon avait besoin seulement de se développer, lui fournit un sang pur, et, quand ce poumon devient apte à se mouvoir, lui donne une chair légère comme de la plume, afin qu’il soit aisément dilaté et contracté par le thorax. C’est pour cela que chez le fœtus il existe une ouverture servant de communication (trou de Botal) entre la veine cave et l’artère veineuse (veine pulmonaire. Cf. VI, xx, t. I, p. 452 et note 2). De sorte que, ce vaisseau servant de veine au viscère, il était nécessaire, je pense, que l’autre (artère pulmon.) fît office d’artère ; c’est pour cela que la nature a ouvert celui-ci dans la grande artère (aorte). Mais, en cet endroit, comme il existait un intervalle entre les vaisseaux, la nature a créé un troisième petit vaisseau qui les rattache tous deux (canal artériel). Pour les deux autres vaisseaux (veines cave et pulmonaire), attendu qu’ils se touchent l’un l’autre, la nature leur a donné comme une ouverture commune à tous deux, et a disposé sur cette ouverture une membrane en guise d’opercule ; cette membrane se relève sans peine vers le vaisseau du poumon, afin d’ouvrir passage au courant sanguin qui vient de la veine cave et de s’opposer à son retour dans cette veine.

Toutes ces œuvres de la nature sont admirables, sans doute ; mais au-dessus de toute admiration est l’oblitération qui s’opère bientôt dans la susdite ouverture. En effet, soit aussitôt que l’animal est né, soit un jour ou deux avant sa naissance, chez quelques-uns même quatre, cinq jours ou plus, on peut voir la membrane en train de se souder à l’orifice, bien qu’elle n’y soit pas encore complétement soudée. Quand l’animal est achevé et qu’il a atteint la croissance qui lui est propre, si vous considérez que toute cette partie est maintenant très-dense, vous ne pourrez croire qu’il y ait eu un temps où elle fut percée. Mais si vous voyez, chez les fœtus ou les animaux nouvellement nés, la membrane attachée par sa racine seulement, tandis que tout le corps de cette membrane vous apparaît flottant dans la cavité dés vaisseaux, c’est alors surtout que vous jugerez encore plus impossible qu’elle devienne jamais apte à se souder exactement au pourtour de l’orifice. Pour les corps nerveux et ténus, quand on s’efforcerait de les réunir aussitôt après leur séparation, on n’y parviendrait