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DES PARTIES PROPRES AU FŒTUS.

tres viscères, et cette prééminence persiste encore sensiblement jusqu’à l’enfantement. Après lui, l’encéphale et le cœur sont proportionnellement plus volumineux que les autres parties. Cela vient de ce que le foie est le principe des veines, le cœur celui des artères, et l’encéphale celui des nerfs. Si donc les architectes ont raison d’établir d’abord les fondements d’une maison, d’un temple, la carène d’un navire, et ensuite élèvent avec sécurité leurs constructions sur ces fondements, de même la nature, dérivant chaque espèce de vaisseau de son principe propre arrivé déjà à une consistance solide, la prolonge dans tout le corps. L’utilité que tire le fœtus des veines étant la plus importante, attendu qu’il vit longtemps à la façon des végétaux, la nature a immédiatement, dès le premier moment de sa génération, créé très-fort le principe des veines. Pour l’encéphale, pour le cœur et pour les organes que ceux-ci engendrent, l’usage des veines est indispensable, puisque, privés de sang, ils ne pourraient ni naître ni s’accroître. Quant au foie et aux veines, ces parties avaient peu besoin d’artères et nul besoin de nerfs avant d’être achevées. C’est pour ce motif que, dès l’origine, la nature a créé grand et fort le système veineux. Puis elle a commencé à développer chacun des autres.

Mais pourquoi le poumon, chez le fœtus, est-il rouge et non pas blanchâtre comme chez les animaux parfaits[1] ? C’est qu’il est nourri alors, comme les autres viscères, par des vaisseaux qui n’ont qu’une mince tunique ; car, pendant la gestation, le sang arrive de la veine cave à ces vaisseaux. Lorsque les animaux sont nés, l’ouverture des vaisseaux s’oblitère, il y pénètre beaucoup de pneuma, très-peu de sang, et un sang parfaitement ténu. En outre, le poumon est agité d’un mouvement perpétuel quand l’animal respire. Le sang donc, agité par le pneuma en raison du double mouvement qu’il tient des artères et que lui communique le poumon tout entier, devient encore plus ténu, plus léger qu’il n’était et comme écumeux. En conséquence, la chair du poumon, changeant de nature, de rouge, de lourde, de dense qu’elle était, devient blanche, légère et rare : transformation très-utile, je pense l’avoir dit (VI, ii, t. I, p. 382), au poumon, qui, dans les mouvements respiratoires, obéit au thorax ; il serait, en effet, par sa

  1. Cf. VI, x ; VII, xv, et la Dissert. sur la physiologie.