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DES PARTIES PROPRES AU FŒTUS.

De la sem. I, vii), et dit qu’ils ne peuvent porter et soutenir l’embryon quand ils sont remplis de mucosités, mais que, cédant au poids, ils se rompent. Cet accident arriverait perpétuellement à toutes les femmes grosses si le fœtus, en nageant dans le liquide amniotique, ne devenait plus léger, et si par conséquent il n’en résultait pas un moindre tiraillement pour les vaisseaux qui s’abouchent avec ceux de la matrice. Ceux qui prétendent que le fœtus devient plus léger pour la mère elle-même, parce qu’il nage dans le liquide amniotique, sont complétement ridicules, ne comprenant pas que le liquide aussi est porté par celle-ci.

Une autre utilité commune à ces liquides se manifeste encore à l’époque de la naissance de l’animal. Enveloppé par un liquide abondant, le fœtus franchit plus aisément le col de l’utérus, attendu que les membranes se rompent nécessairement aussi à ce moment. En effet, le liquide sert non-seulement à faire glisser le fœtus, mais encore il dispose le col de la matrice à se dilater considérablement ; lubrifié par les liquides que nous venons d’indiquer, il devient plus mou et se dilate plus aisément. Une grande preuve à l’appui de notre assertion nous est fournie par la pratique des accouchements : si le liquide vient à s’échapper subitement et prématurément, les sages-femmes, forcées elles-mêmes d’imiter la nature, possèdent certaines préparations liquides pour humecter le col de l’utérus. En effet, les œuvres de la nature sont d’une fécondité immense ; comme il a été souvent démontré (voy. V, iii, t. I, p. 339), elle se sert en vue du mieux de ce qui avait été créé primitivement en vue du nécessaire. C’est ainsi que ces liquides, qui ont été créés par nécessité en vue de l’embryon, sont employés par la nature à rendre exempte de toute gêne la suspension de cet embryon et à faciliter sa sortie au temps de l’accouchement.

De plus, les membranes sont si minces et si délicates qu’en les disséquant, si on ne les touche pas avec précaution, elles se déchirent aisément. Comment donc ne se déchirent-elles pas quand une femelle grosse vient à courir et à sauter ? Cela résulte d’une disposition très-ingénieuse de la nature, qui sait que la plus grande garantie de tous les corps minces contre les lésions est la juxtaposition de ces corps. C’est ainsi que les corps composés de laine ou d’autres poils ou de fibres, tressés et entrelacés, acquièrent par cet assemblage une solidité considérable, tandis que chacune des