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DES ORGANES GÉNITAUX.

et les seuls qui des parties inférieures remontent ; car les parties en question sont les seules qui aient besoin d’être rattachées par des vaisseaux, afin que, pendant le temps où le fœtus se développe et se forme dans les matrices, les veines communes aux deux parties versent à ce dernier seul de la nourriture, et qu’au moment où il est venu au monde toute la nourriture reflue aux mamelles. C’est pourquoi il ne saurait y avoir coïncidence entre le flux menstruel régulier et la sécrétion lactée chez la femelle. En effet, l’une des parties est toujours desséchée par le flux du sang vers l’autre partie.

Dans les époques intermédiaires à la grossesse, quand les femmes sont dans la vigueur de l’âge, la nature évacue chaque mois tout leur sang superflu accumulé, au moyen des vaisseaux afférents aux matrices. Quand elles sont grosses, le fœtus tire de ces vaisseaux sa nourriture. Mais les veines situées dans cette région sont si larges et si longues, qu’elles peuvent abondamment fournir à la nourriture du fœtus et toujours accumuler quelque chose de superflu. Ce sang donc, pendant tout le temps de la grossesse, amassé dans ces communs vaisseaux ainsi qu’en des réservoirs de nourriture, les soulève, les distend complétement, les déborde, pour ainsi dire, et cherche alors une région où il puisse se transporter. Il n’en trouve pas d’autre que les mamelles, et il y est lancé à la fois par les veines distendues et surchargées, et par la masse entière du ventre qui, vu l’état de grossesse pesant et pressant sur lui, le pousse vers la région qui s’ouvre devant lui. Telle est, dit Hippocrate (Épid., II, iii, 17), la fraternité qui existe entre le lait et le sang menstruel[1]. Il résulte de là que si le fœtus devient malade, au point de ne plus tirer à lui une nourriture suffisante, ou s’il survient chez la femme une affection telle qu’elle ne lui fournisse plus le sang nécessaire, la succession des opérations de la nature est intervertie, bouleversée ; les mamelles con-

  1. Les deux manuscrits complètent la citation d’Hippocrate : « Attendu qu’à huit mois, chez les primipares, est achevée la formation du fœtus, et que l’aliment change de place (c’est-à-dire se porte aux mamelles). » Il est probable que ce complément est du fait des copistes, et non de Galien (cf. aussi son Comm. sur le passage précité des Épid., § 36, t. XVIIA, p. 454) ; il manque dans les textes vulgaires et dans les traductions latines.