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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, vii.

logue à l’œuf autre que celle appelée môle par les médecins, laquelle est une certaine chair inactive et informe.

Si donc on prétend que la semence de la femme arrive à ce seul résultat, il est clair d’abord qu’on lui attribue une action créatrice bien chétive, laquelle existerait peut-être dans le seul flux menstruel, en second lieu qu’on se trompe dans l’exposition des faits : car jamais on n’a vu une femme concevoir une môle ou tout autre produit analogue[1] sans le concours de l’homme, comme on voit les femelles des poules pondre des œufs sans la coopération des mâles. Il vaut donc mieux supposer que le sperme du mâle est le principe du mouvement et admettre que le sperme de la femelle contribue avec le sien à la génération de l’animal. Jusqu’à quel point y contribue-t-il, c’est ce que je dirai bientôt quand j’aurai d’abord terminé la présente dissertation.

En vertu de ce principe unique, les anatomistes eux-mêmes vous en instruiront, au moment où le sperme descend dans l’utérus, et même longtemps encore après, il n’y a de forme pour aucune des parties génitales et l’on ignore si le fœtus même est mâle ou femelle ; plus tard seulement la distinction s’aperçoit et devient nette, la cause de ce fait tenant en partie au sperme lui-même, en partie à la matrice. Comment l’une de ces causes réside-t-elle en lui dès l’origine, comment l’autre survient-elle plus tard, c’est, il me semble, ce que je vais prouver non par des raisons plausibles, mais par des démonstrations évidentes trouvées en disséquant, et par lesquelles, j’en suis sûr, l’art de la nature vous paraîtra admirable, si vous prêtez votre attention à mes paroles.

La veine cave, à l’endroit où elle naît du foie, et se recourbe encore suspendue pour se diriger vers le rachis, a le rein droit situé à sa partie droite, puis en avançant un peu plus bas, à sa gauche le rein gauche. De cette veine dérive vers chacun des

  1. Ἢ μύλην ἢ ἄλλο τι τοιοῠτον, B. — Ces quatre mots manquent dans A, et dans les textes vulgaires ; mais ils sont représentés dans la traduction latine, et paraissent nécessaires. — Les vraies môles sont considérées par les modernes comme les restes des enveloppes du germe, anormalement développées ou plus ou moins modifiées après la mort ou la destruction d’un embryon ou même d’un fœtus qui s’est résorbé en tout on partie. — Les fausses môles sont des produits tout à fait étrangers à la conception.