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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, vi.

avoir une conformation moins parfaite ; aussi n’y a-t-il rien d’étonnant que la femelle soit d’autant plus inférieure au mâle qu’elle est plus froide. De même que l’asphalax a des yeux imparfaits (voy. p. 100), mais moins imparfaits que les animaux chez lesquels il n’existe pas même un simple linéament des yeux, de même pour les parties génitales, la femme est plus imparfaite que l’homme. En effet, les parties ont été construites intérieurement, pendant la vie fœtale ; n’ayant pu, faute de chaleur, descendre et faire saillie au dehors, elles ont fait de l’animal un être plus imparfait que l’être achevé de tous points ; mais pour la race en général, ces parties n’ont pas été d’une utilité médiocre, car une femelle était nécessaire (cf. De la semence, II, v, t. IV, p. 640). N’allez pas croire, en effet, que notre Créateur ait volontairement créé imparfaite et comme mutilée la moitié de l’espèce entière, si de cette mutilation ne devait résulter une grande utilité ; nous allons dire quelle est cette utilité[1].

Le fœtus a besoin, pour sa formation première et pour son entier développement ultérieur, d’une quantité considérable de matière. Il faut donc nécessairement de deux choses l’une : ou qu’il dérobe à celle qui le porte sa nourriture, ou qu’il prenne ce qu’elle a en excès. Or, il n’était pas préférable qu’il privât sa mère de nourriture, et il lui était impossible de prendre la nourriture en excès, si la femelle était douée d’une grande chaleur, attendu que la chaleur dissiperait aisément et dessécherait ce superflu. Il était donc convenable que la mère fût froide à un degré tel, qu’elle ne pût dissiper tous les aliments cuits et digérés. En effet, ce qui est trop froid ne peut même pas cuire l’aliment ; d’un autre

  1. Pour ce passage et pour le commencement de la phrase suivante, le texte de B est mutilé ; celui de A donne, après les mots nous allons le dire, une addition considérable, dont on ne retrouve aucune trace ni dans le texte vulgaire, ni dans les traductions latines. Je la considère plutôt comme une glose passée dans le texte de ce Mss. En voici le sens général : « Dans tout être qui est engendré il y a deux principes : la matière qui constituera l’animal, et l’art, qui est à son tour le principe du mouvement. La matière est fournie par l’un des parents, le principe formateur par l’autre. Les deux principes ne peuvent pas être fournis par le même, attendu que le même individu ne peut pas être à la fois le principe de deux effets contraires : de l’actif et du passif, de ce qui crée et de ce qui a créé, de ce qui meut et de ce qui est mû, de ce qui arrange et de ce qui est arrangé. »