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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, v-vi.

trouvent dans la cavité droite, et les fœtus femelles dans l’autre, comment se produit le lait, comment les matrices augmentent et diminuent en même temps que les mamelles ; et, avant de traiter toutes ces questions, nous sommes dans l’obligation de décrire la nature du mâle et celle de la femelle. En effet, cette recherche me paraît devoir être le principe et la source de la solution des autres problèmes. Aristote[1] a prétendu avec raison que la femelle est plus imparfaite que le mâle, mais il n’est pas allé jusqu’au bout de son raisonnement ; il me semble même avoir omis pour ainsi dire la tête. Je vais donc tâcher de développer ce raisonnement, en appuyant ma dissertation sur les belles démonstrations données par Aristote, et avant lui par Hippocrate[2], et en ajoutant moi-même ce qui manque pour les compléter.

  1. « La femelle est, pour ainsi dire, un mâle stérile (De la génér., I. xx, p. 339, l. 9). » — « La femelle est, pour ainsi dire, un mâle mutilé ; les menstrues sont un sperme, mais un sperme impur (Ibid., II, iii, p. 352, l. 40). » — Cf. aussi, De la génér., IV, i et vi, p. 395, l. 4 et suiv. ; p. 409, l. 25.
  2. De la génération, §§ 6 et 7, t. VII, p. 479. « Ceci est encore à noter : la semence de la femme est tantôt plus forte, tantôt plus faible ; de même pour l’homme. Chez l’homme est la semence femelle, et la semence mâle, semblablement, chez la femme. La semence mâle est plus forte que la semence femelle. C’est de la plus forte semence que naîtra le produit. Voici ce qui en est : si la semence plus forte vient des deux côtés, le produit est mâle ; si c’est la semence plus faible, le produit est femelle. Celle des deux qui l’emporte en quantité prédomine aussi dans le produit. Si, en effet, la semence faible est beaucoup plus abondante que la semence forte, la forte est vaincue, et, mêlée à la faible, se transforme en femelle ; si la forte est plus abondante que la faible, la faible est vaincue et se transforme en mâle. De même si, mêlant ensemble de la cire et de la graisse, et mettant plus de graisse, on fait fondre le mélange au feu, tant qu’il sera liquide on ne distinguera pas quelle est la substance qui l’emporte ; mais, après coagulation, on reconnaît que la graisse est plus abondante que la cire. Il en est ainsi pour la semence mâle et pour la semence femelle. — Des faits apparents permettent de conclure que dans l’homme et dans la femme est semence et mâle et femelle ; beaucoup de femmes qui avaient des filles avec leurs maris ont eu des garçons avec d’autres hommes, et les mêmes hommes qui avaient des filles avec ces femmes ont eu des garçons avec d’autres femmes ; et, au rebours, des hommes engendrant des garçons ont, avec d’autres femmes, engendré des filles. Ce discours témoigne que l’homme, comme la femme, a la semence femelle et la semence mâle. Chez ceux qui engendraient des filles, la plus forte a été vaincue par la surabondance de la plus faible, et le produit fut femelle ; chez ceux qui engendraient des garçons, la plus forte l’a emporté et le produit a été