Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, iv.

animaux analogues, de même que le corps tout entier est composé de deux parties, droite et gauche, de même il a été établi pour l’utérus une cavité à droite et une autre à gauche. En effet, la nature pourvoyant à ce qu’il ne disparût aucune des espèces d’animaux qui, vu leur faiblesse corporelle, devaient ou vivre très-peu de temps, ou servir de pâture aux animaux plus forts, a inventé pour ceux-ci, comme remède à une destruction continuelle, la génération multipare. C’est donc là une œuvre admirable de la nature ; mais ce qui, j’en suis convaincu, dépassera à vos yeux tout ce qu’il y a de plus admirable, c’est que le nombre des cavités est égal à celui des mamelles (voy. Dissert. précitée et Hoffm., l. l., p. 303).

Les sophistes seraient mal venus à prétendre ici que c’est une cause inintelligente, un hasard inhabile qui a créé deux cavités utérines chez l’homme et un grand nombre chez le porc : le fait qu’il existe autant de mamelles que de cavités utérines, éloigne l’idée que cette disposition est fortuite. En admettant que chez l’homme et le porc cet état de choses puisse résulter du hasard, les plus éhontés même n’oseraient prétendre, à moins d’une extrême stupidité, que ce rapport constant chez tous les animaux entre le nombre des mamelles et celui des cavités utérines, a été réalisé sans l’intervention certaine d’une providence.

Penseraient-ils encore que l’afflux du lait aux mamelles, afflux qui s’opère surtout à l’époque où le fœtus est formé, est l’œuvre d’un hasard inintelligent et non pas la marque d’un art admirable ? Mais ce fait seul, à défaut de tout autre, suffira pour convaincre que l’art a présidé à cette création. En effet, attendu que tout être né récemment est mou et débile, il était impossible qu’il digérât dès lors des aliments solides. En conséquence, la nature, comme s’il était encore renfermé dans l’utérus, lui a ménagé un aliment tiré de sa mère. Chez tous les animaux, chez les oiseaux, par exemple, incapables, vu la sécheresse de leur corps, d’entretenir une humeur superflue, la nature a imaginé un autre expédient pour leur faire élever leurs nouveau-nés, en leur inspirant pour leur progéniture une affection étonnante, telle qu’ils combattent pour leurs petits, osent tenir tête à des animaux farouches que naguère ils fuyaient, et fournissent à ces petits une nourriture convenable.

Pour les autres animaux, nous expliquerons peut-être un jour en