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DES MŒURS DE L'ÂME.

sécheresse est la cause de l’intelligence. Le mot αὔη signifie cela (c’est-à-dire, seche)[1] et il faut croire que cette opinion est la meilleure si nous songeons que les astres[2] qui sont resplendissants et secs, ont une intelligence parfaite ; car si quelqu’un disait que les astres n’ont point d’intelligence[3], il paraîtrait ne pas comprendre la préexcellence des Dieux[4]. Pourquoi donc beaucoup de gens arrivés à l’extrême vieillesse délirent-ils, bien qu’il soit démontré avec raison que la vieillesse est un âge sec ? Nous répondrons que le délire n’est pas une suite de la sécheresse, mais du froid, car le froid nuit manifestement à toutes les actions de l’âme. Ces réflexions, bien qu’elles soient secondaires, démontrent clairement ce que nous voulons établir, à savoir que les opérations et les affections de l’âme dépendent du tempérament du corps. Si l’âme est la forme d’un corps homoiomère, nous arriverons à une démonstration tout à fait scientifique (c’est-à-dire a priori), tirée de son essence. Supposons que l’âme est immortelle et qu’elle a une essence propre, ce qui est la doctrine de Platon ; mais elle est dominée par le corps et elle est son esclave ; Platon lui-même le reconnaît lorsqu’il considère la sottise des enfants, de ceux qui délirent dans la vieillesse, et encore de ceux qui, à la suite de l’administration de quelques médicaments, ou de la génération d’humeurs mauvaises dans le corps, tombent dans le délire, dans la manie ou dans la démence, ou perdent la mémoire. Que l’âme, sous l’influence des causes susdites, aille jusqu’à la perte de la mémoire, jusqu’à la démence, à l’immobilité et à l’insensibilité, cela pourrait être attribué à l’embarras dans lequel elle se

    tions qu’elle a subies une dissertation curieuse et fort instructive. Le texte de Galien y est aussi examiné, mais la conclusion du savant critique n’est pas très-explicite.

  1. Τὸ γὰρ τῆς αὐγῆς (lis. αὔης) ὄνομα τοῠτο ἐνδείκνυται. Ces mots, qu’ils soient une explication déplacée de la glosse ξηρή (opinion vers laquelle j’incline beaucoup), ou qu’ils appartiennent réellement à Galien, prouvent encore que le texte portait primitivement αὔη, puisqu’on a cru devoir faire remarquer que ce mot désignait la sécheresse.
  2. Ἐννοήσαντας καὶ τοὺς ἀστέρας, vulg. ; ἐννοήσαμεν τοὺς ἀστέρας, cod. Flor.
  3. Εἰ γὰρ μή τις ὑπαρχειν τοῠτο φαίν, cod. Flor ; εἰ γὰρ μή τις αὐτοῖς, κ. τ. λ., vulg., leçon que je préfère comme plus explicite.
  4. Voy. note 2 de la p. 61.