le vin change le tempérament du corps et les fonctions de l’âme, mais il peut même faire sortir l’âme du corps. Comment pourrait-on dire autrement, quand on voit les drogues qui refroidissent ou qui échauffent beaucoup[1] tuer immédiatement ceux qui les prennent ? Les venins des animaux sont dans ce cas. Ainsi, nous voyons mourir sur-le-champ les individus piqués par un aspic ; ces individus meurent par le venin de la même manière qu’on[2] meurt par la ciguë, car ce venin refroidit aussi. Ceux qui admettent une substance particulière[3] pour l’âme, seront donc[4] forcés d’avouer qu’elle est l’esclave des tempéraments du corps, attendu que ces tempéraments peuvent la chasser du corps, la contraindre à délirer, la priver de mémoire et d’intelligence, la rendre triste, timide[5], abattue, comme cela se voit dans la mélancolie, et ils reconnaîtront que le vin bu modérément produit les effets opposés[6].
Les puissances de l’âme sont-elles modifiées par le tempérament chaud ou froid, mais ne souffrent-elles en rien du tempérament sec ou humide ? Nous avons la preuve du contraire par les médicaments et par le régime de chaque jour. Je réunirai peut-être ces preuves dans la suite ; mais, avant, je rapporterai les passages
- ↑ θερμαίνοντα, vulg. ; ὑπερθερμαίνοντα, cod. Flor.
- ↑ Παραπλήσιον τῆς, vulg. ; παραπλήσιον τοῖς, cod. Flor. C’est là la vraie leçon.
- ↑ Ἰδίως, sic cod. Flor. ; ἰδίαν, vulg. Cette dernière leçon me paraît préférable.
- ↑ Οὖν, qui est donné par le ms. de Flor., et qui est nécessaire, manque dans vulg.
- ↑ Λυπηρότερα… ἀθυμότερα ἐργάζεσθαι, vulg. Le Ms. de Flor. donne l’accusatif qui est la vraie leçon.
- ↑ Ἔχει, vulg. ; ἔχειν, cod. Flor.
vera aussi quelques enseignements dans le chap. xv des Advers. miscell. posth. de Gataker, col. 557 suiv. — Rufus est d’avis que c’est tout simplement du vin qu’Hélène versa dans la coupe de Télémaque (voy. note 3 de la p. 56). Pline mentionne cette opinion ; Petit (p. 32 suiv.) a très-bien démontré qu’elle était insoutenable.