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DES MŒURS DE L'ÂME.

qui en boivent à longs traits, et qui n’en usent pas avec modération. Le vin troubla aussi le fameux centaure, fils d’Eurytus, dans le palais de Pirithoüs au grand cœur, quand il arriva chez les Lapithes. Lorsque son âme fut inondée par le vin, il devint fou, et se livra à des excès dans la demeure de Pirithoüs[1]. »

(Odys., XXI, 293-98).

Et ailleurs il dit encore, à propos du vin[2] :

« Le vin qui rend fou, et qui contraint, quoiqu’on soit très-sage, à chanter et à rire gracieusement, le vin qui pousse à danser et à dire des paroles qu’il vaudrait mieux ne pas proférer. »

(Odys., XIV, 466-9).

Théognis a dit aussi :

« Le vin bu en grande quantité est mauvais ; si on en boit avec modération, il n’est pas nuisible, mais bon. »

(Theogn., Sentent., v. 211, 2, ed. Bergk).

En effet, le vin pris avec modération entraîne avec lui de grands avantages pour la coction, la distribution, la sanguinification des aliments, et pour la nutrition ; il contribue beaucoup aussi à rendre l’âme à la fois moins farouche et plus courageuse, par l’intermédiaire du tempérament du corps, lequel est, à son tour, produit au moyen des humeurs[3]. Non-seulement, comme je le soutenais,

  1. Ces paroles sont d’Antinoüs à Ulysse dans le combat de l’arc'.
  2. Il s’est glissé une singulière faute dans le texte des éditions de Galien, faute qui a été reproduite par les traducteurs. Ainsi, dans le texte vulgaire, on lit : Καὶ ἀλλαχόθι περὶ αὐτοῠ φησι Νηλέος

    Ὅστ᾽ ἐφέηκε πολύφρονά περ μάλ᾽ ἀεῖσαι.

    Si on se reporte au texte même de l’Odyssée, on voit qu’il ne s’agit en aucune façon d’un Nélée, mais d’Ulysse s’adressant à Eumée, et que ce nom propre de Nélée s’est formé de la manière suivante : les Mss. portaient sans distinction de mots φησινηλέος ; les premiers éditeurs ont mal séparé les deux mots, et ont lu φησι νηλέος au lieu de φησιν ἠλέος. Ce second mot appartient au vers d’Homère. Kuehn, loin de s’apercevoir de cette faute, a régularisé le mot Νηλέος en celui de Νηλέως. Le Ms. de Flor. a φησιν ὅστε. — Ceci était imprimé quand j’ai vu que Goulston avait corrigé la faute du texte vulgaire, mais sans en avertir et sans donner d’explication.

  3. Voy. sur les propriétés du vin, Oribase, Collect. med., V, chap. vi tiré de Galien avec les passages parallèles indiqués dans notre édition. Voy. surtout le chap. vii tiré de Rufus et les notes qui correspondent à ces chapitres. On trou-