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DES MŒURS DE L'ÂME.

corps un bon tempérament par les aliments, par les boissons, et aussi par tout ce que nous faisons journellement, nous travaillons pour la bonne disposition de l’âme. Pythagore, Platon et quelques autres anciens philosophes ont agi, ainsi qu’on le raconte, conformément à cette doctrine[1].


Chapitre ii. — Que les âmes des enfants diffèrent entre elles, eu égard à leur essence. — Fausse opinion des philosophes touchant les puissances de l’âme. — Qu’il y a autant de puissances que d’actions. — Exemple tiré des vertus de l’aloès. — Que les trois espèces d’âmes ont des puissances et des penchants différents. — Doctrine de Platon à cet égard.


Le principe de tout mon discours est la connaissance de la différence des actes et des affections psychiques qui se manifestent chez les petits enfants et qui nous révèlent les puissances de l’âme. Les uns se montrent très-lâches, les autres terribles ; ceux-ci sont insatiables et gourmands ; d’autres sont affectés dans un sens contraire ; ils sont ou éhontés, ou réservés ; ils présentent enfin beaucoup d’autres différences analogues ; je les ai toutes énumérées ailleurs[2]. Il me suffit ici d’avoir démontré, par un exemple, que les puissances des trois espèces ou des trois parties de l’âme[3] sont opposées par nature dans les petits enfants. On pourra conclure de là que la nature de l’âme n’est pas la même pour tous ; et il est évident que le mot nature signifie, dans ce traité, la même

    cipal argument. Du reste, comme le renvoi n’est pas précis, que le texte est douteux et que nous n’avons pas l’autre terme de comparaison, il est impossible de décider la question.

  1. On sait que la morale de Pythagore et de Platon repose en grande partie sur les règles d’une hygiène bien entendue.
  2. Voy. dans l’Appendice les extraits du traité Des dogmes d’Hippocrate et de Platon (V, v), et de l’opuscule Sur la manière de reconnaître et de combattre les passions de l’âme qui sont propres à chacun de nous (chap. vii et viii).
  3. J’ai cru devoir réunir dans une dissertation Sur la philosophie de Galien, dissertation qu’on trouvera à la fin du volume, tout ce qui regarde les doctrines psychologiques attaquées ou défendues dans ce traité. On aura ainsi dans leur ensemble les doctrines philosophiques de Galien qu’il serait souvent difficile de comprendre si chaque point litigieux était étudié dans des notes isolées. Je ne me suis départi de cette règle que pour les passages qui exigent, pour être entendus, des éclaircissements immédiats.