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III.


QUE LES MŒURS DE L’ÂME SONT LA CONSÉQUENCE DES TEMPÉRAMENTS DU CORPS[1].


Chapitre premier. — But de ce livre. — Qu’on travaille pour l’âme en même temps qu’on donne un bon tempérament au corps.


Après un mur examen, et après avoir vérifié expérimentalement, non pas une fois, non pas deux fois, mais très-souvent, non pas sur moi seul et de plusieurs manières, mais d’abord avec mes maîtres, ensuite avec les meilleurs philosophes[2], que les puissances de l’âme suivent les tempéraments du corps, j’ai trouvé que la doctrine était vraie en toute occasion et utile à ceux qui veulent orner leur âme, puisque, d’après ce que j’ai dit dans le traité Des mœurs [3] en même temps que nous donnons à notre

  1. Voulant atténuer la doctrine un peu matérialiste que ce titre met en avant sans restriction, P. Petit (Miscell. observ. II, iii, p. 88 et suiv.) propose de lire, en s’appuyant sur un passage de J. Philopon : Ὅτι τά τῆς ψυχῆς ἥθη ἕπεται τῇ τοῦ σώματος κράσει, χωρὶς τῶν κατὰ φιλοσοφίαν διατριβῶν (en mettant à part les considérations philosophiques). Mais qui ne voit que ce n’est pas là la teneur d’un titre ? L’auteur n’y doit indiquer que son but principal, sauf à donner les explications, et à faire les réserves nécessaires dans le cours du traité. C’est précisément ce qu’a fait Galien.
  2. Platon, Hippocrate et Aristote, ainsi qu’on le voit par la suite de ce traité.
  3. Ἐν τῇ Περὶ ἐθῶν πραγματείᾳ, vulg. Goulston dit dans ses notes : « De assuetudinibus liber neque extat, neque ab ipso [Galeno] citatur uspiam. [Cod.] Lond. [habet] ἠθῶν, de quibus commentarios se quatuor edidisse agnoscat, lib. De libris propriis [xiii, t. XIX, p. 45, ed. K]. » Goulston se trompe en affirmant qu’il n’a jamais existé parmi les œuvres de Galien un traité Sur les habitudes. Ce traité, publié d’abord en latin seulement par Nicolaus Rheginus, puis par A. Gadaldinus, figure dans les éditions des Juntes dont la dixième ou dernière est de 1625. Il est donc étonnant que Goulston ait ignoré l’existence de ce traité. Dietz qui a publié le Περὶ ἠθῶν, d’après un manuscrit de Florence, a prouvé contre Montanus par le témoignage même de Galien (Comm. in Aph., II, 50, t. XVII², p. 554) que ce traité est très-authentique. — Il est plus difficile d’établir si c’est à cet opuscule ou au traité Περὶ ἠθῶν en quatre livres que Galien renvoie dans le passage qui fait le sujet de cette note, puisque nous ne possédons plus le Περὶ ἠθῶν. Dans le chapitre iv (v de l’édition de Dietz) du traité Des habitudes (voy. plus loin), Galien parle, il est vrai, de l’influence des régimes sur l’âme, mais seulement en passant, aussi je penche pour l’avis de Goulston, mais sans tenir compte de son prin-