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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.


Chapitre xiv — Que les athlètes ne jouissent d’aucun plaisir ; accablés de fatigues pendant qu’ils exercent, estropiés quand ils cessent leur métier, ils ne savent rien amasser pour leur vieillesse. Du reste, ce qui fait le mérite d’une profession, ce n’est pas qu’elle procure des richesses, mais qu’elle constitue un art utile. — Division des arts en deux catégories : les arts libéraux et les arts manuels ou mécaniques. — La médecine est le plus excellent de tous les arts.


Si les plaisirs peuvent être réputés un bien corporel, les athlètes ne le possèdent même pas, ni quand ils exercent leur profession, ni quand ils la quittent : lorsqu’ils l’exercent ils sont accablés de fatigues et de misères ; car non-seulement ils luttent, mais ils mangent par force ; et lorsqu’ils quittent cette profession, ils sont estropiés de presque tous leurs membres. Peut-être se vantent-ils de s’enrichir plus que personne ? Mais on peut se convaincre qu’ils sont toujours endettés ; et, soit pendant qu’ils exercent leur profession, soit après leur retraite, on ne trouve jamais un athlète plus riche qu’un intendant quelconque d’un homme opulent.

Toutefois, s’enrichir par sa profession ne constitue pas seul un titre méritoire ; ce titre, c’est de pratiquer un art qu’on puisse sauver du naufrage avec soi ; or cela n’est pas le fait de ceux qui gèrent les affaires des riches, ni des receveurs, ni des négociants ; ces gens-là s’enrichissent, il est vrai, surtout par leur profession ; mais s’ils perdent leur argent, leurs affaires périssent avec lui : car ils ont besoin d’un capital pour les soutenir. Que l’argent vienne à leur manquer, ils ne peuvent recommencer leur négoce, attendu que personne ne leur prête, si ce n’est sur gage, ou sur hypothèques. Si donc vous voulez trouver dans votre art un moyen sûr et honnête de faire fortune, choisissez-en un qui vous restera pendant toute votre vie. Il y a d’abord dans les arts une division première en deux catégories[1] : les uns sont du domaine de l’intelligence, ce sont les arts honorables, libéraux ; les autres, les arts illibéraux, consistant en des travaux corporels ; ils sont appelés

  1. La division des arts diffère beaucoup suivant les auteurs, et les auteurs eux-mêmes ne sont pas toujours constants dans leurs divisions. Ainsi, Galien dans un autre traité (Si l’hygiène est une partie de la médecine ou de la gymnastiqu, chap. xxx, t. V, p. 860 suiv.), admet des arts, θεωρικαὶ, πρακτικαὶ, ποιητικαί et κτητικαί ; il donne des exemples ou des définitions de ces diverses espèces.