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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

« Si par la volonté de Jupiter tous les êtres vivants s’accordaient et se réunissaient pour vivre ensemble, et si le héraut d’Olympie appelait, non-seulement l’homme, mais aussi les animaux, à entrer en lice dans le même stade, je pense qu’aucun homme ne serait couronné. Le cheval l’emporterait de beaucoup sur lui à la longue course appelée dolique. Le lièvre triompherait à la course du stade. L’antilope aurait la palme dans le diaule[1]. Aucun mortel ne pourrait entrer en lice avec les animaux pour la vitesse des pieds. O athlètes légers, que vous êtes misérables ! Un descendant d’Hercule lui-même ne passerait pas pour plus fort qu’un éléphant ou qu’un lion. Je pense aussi qu’un taureau triompherait au pugilat ; et si l’âne, ajoute le poète, veut combattre à coups de pieds, la couronne lui sera décernée ; bien plus, on écrira dans les annales savantes de l’histoire que des hommes ont été vaincus au pancrace par des ânes ; on ajoutera : ce fut dans la xxie olympiade qu’Onceste remporta la victoire[2]. »

Cet apologue, tout à fait gracieux, démontre que la force athlétique n’est pas celle que doivent cultiver les hommes. Et si les athlètes ne l’emportent même pas sur les animaux par leur force[3], de quel autre avantage peuvent-ils se prévaloir ?

    a reconstruit en hexamètres la fable tout entière et l’a traduite en vers latins ; mais il a été obligé d’introduire dans le texte des changements considérables qui ne sont pas toujours très-heureux.

  1. Voy. sur ces diverses espèces de courses et leurs variétés, Krause (Gymn. und Agon. d. Hellenen, passim), ainsi que Mercuriali (lib. l. II, x). Δόλικος était une longue course, ayant une limite de convention qu’un des lutteurs devait atteindre le premier (ou suivant quelques auteurs c’était le double parcours du stade) ; στάδιον désignait le parcours du stade dans le plus court espace de temps possible ; le δίαυλος était le parcours du stade (sed reflexo cursu, comme dit Mercuriali, lib. l.) plusieurs fois répété et accompli également dans le moins de temps possible.
  2. Il y a ici une espèce de jeu de mots ; le poëte fait pour ainsi dire un nom propre d’ὀγκηστής (ou plutôt d’ὀγκητής, ruditor, celui qui brait), qui est une épithète de l’âne.
  3. Nous verrons plus loin (De l’utilité des parties, I, ii-iv et passim) que si les animaux ont sur l’homme certains avantages, à son tour l’homme use des siens pour dompter tous les animaux.