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DE LA FACE.

égard une discussion parmi les anatomistes ; les uns affirmant que ces os manquent complétement de suture ; les autres prétendant que la substance compacte et dure des os empêche de voir cette suture ; mais que si l’on cuit et si l’on dessèche les os pendant longtemps, elle devient visible. Nous avons d’ailleurs abondamment parlé des matières qui font l’objet du débat[1]. Un fait reconnu par les deux parties suffit au présent discours : savoir que chacun des os susnommés est fort dur. Si nous trouvons l’utilité de ce fait, il ne nous sera pas non plus difficile désormais de trouver la raison du nombre des os.

Ces os sont très-durs parce qu’ils sont disposés pour la résistance, étant plus que tous les autres en saillie, et qu’il y a chez eux absence de la cause qui fait que les os du haut de la tête sont rares et caverneux. En effet, la plus grande partie des vapeurs du corps entier est dirigée par la nature vers ces os qui sont les plus élevés ; aussi, comme nous l’avons précédemment démontré (VIII, vii ; IX, i à iii), la nature leur a ménagé une évacuation variée. Pour les os situés latéralement, outre qu’ils ne sont pas dans de semblables conditions, ils devaient, en cas de chute, de coups ou de tout autre accident, être souvent endommagés. En effet, on ne tombe pas facilement sur le sommet de la tête et on ne reçoit guère de coups en cet endroit[2] ; au contraire, tous les autres os, ceux de l’occiput, du front, des oreilles, sont exposés à des coups fréquents et sont souvent lésés par des chutes. Les premiers étant donc moins exposés aux coups et ayant besoin d’évacuation, et les seconds courant risque continuellement d’être lésés et n’ayant pas besoin d’évacuation, c’est avec raison que ceux-là ont été créés rares et caverneux, et ceux-ci denses et durs. De son côté l’os du palais (sphénoïde. Voy. Dissert. sur l’anat.

  1. Sans doute, comme le remarque Hoffmann, l. l., p. 270, dans le traité perdu Sur toute espèce de désaccord en matière d’anatomie. — Voy. p. 419, note 1.
  2. Galien aime mieux nier la fréquence des coups sur le sommet de la tête que de laisser supposer quelque imprévoyance de la nature, mais peut-être cette nature si sage n’avait prévu ni les coups de sabre ni les coups de casse-tête ! Galien répondra sans doute que c’est nous qui sommes en défaut par notre barbarie, mais que la nature ne pouvait pas prévoir la méchanceté des hommes, attendu que les coups naturels sont rares sur le sommet de la tête.