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DE LA FACE.

les aspérités. Confondu extérieurement avec l’os dur, le cartilage les unit entre eux et les rattache si bien par son intermédiaire, qu’à moins de faire cuire ou dessécher ces os, on n’apercevra pas trace de leur juxtaposition.

Quand il n’y a pas entre les os une grande différence, mais que l’extrémité qui ferme la cavité de l’os qui en contient une est quelque peu plus dense que celle qui la recouvre, la nature, dans ce cas, n’a aucun besoin d’inventer une épiphyse. Or c’est la conduite qu’elle a tenue pour le maxillaire inférieur. En effet, si cet os est plus dense que l’humérus, le fémur et les autres os semblables, ce n’est pas d’un peu seulement ; il en diffère complétement et suffit donc par lui seul à enfermer la moelle sans le secours d’une épiphyse extérieure. S’il est beaucoup plus dur que les os sus-nommés, s’il ne renferme qu’une petite cavité, sa nudité en est cause. En effet, s’il ne trouvait pas dans sa substance propre le moyen de résister aux lésions, il serait facilement écrasé et meurtri, étant si saillant et si nu. S’il renferme une cavité, bien qu’il lui soit nécessaire d’être dur, la cause en est aux muscles temporaux qui, chez nous, ne sont pas comme chez les lions, assez forts pour tenir relevé sans peine un os dense, dur et plein. Et certes le lion, dont la force réside surtout dans la morsure, avait besoin d’une mâchoire vigoureuse. La nature n’y aurait pas fixé des dents solides si d’abord elle n’avait créé la mâchoire elle-même telle qu’elle est. De même encore elle a donné de la force au col du lion tout entier, en unissant les vertèbres par des ligaments robustes. Mais l’homme, être sociable et doux, ne réclamait pas une mâchoire aussi vigoureuse ; comme il avait besoin cependant qu’elle fût plus garantie contre les lésions que l’humérus et le fémur, et qu’elle fût en même temps légère, à cause des muscles temporaux, il a une mâchoire parfaitement adaptée à l’une et à l’autre utilité. Grâce à la même prévoyance, le maxillaire supérieur ne renferme absolument pas de moelle (voy. Dissert. sur l’anat.), parce qu’il n’est pas destiné à être mobile. En effet, l’autre utilité étant supprimée, cet os a été disposé seulement pour la résistance ; or cette faculté de résistance résulte, nous l’avons démontré, de la quantité de la substance osseuse.