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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xviii.

Je crois devoir commencer par cette remarque la série de mes propositions, et démontrer d’abord pourquoi, tandis que le maxillaire inférieur renferme de la moelle, le supérieur est complètement dépourvu d’une semblable substance ; en second lieu, pourquoi, bien que le maxillaire inférieur contienne de la moelle, il n’existe à aucune de ses extrémités d’épiphyse comme on en voit à l’humérus, au cubitus, au radius, au fémur, au tibia, au péroné, en un mot, à tous les os qui renferment de la moelle. Nous démontrerons encore en même temps pourquoi chez certains animaux le maxillaire supérieur ne contient pas de moelle comme le maxillaire inférieur. Quand nous aurons expliqué ces divers points, alors seulement nous reviendrons aux détails sur le nombre et la fonction des os.

Commençons donc par le fait le plus évident qu’on observe chez tous les animaux, c’est qu’aucun des petits os ne contient de moelle, aucun ne renfermant une cavité grande et importante, mais chacun seulement étant percé de canaux irréguliers petits et étroits. En effet, si, outre qu’il est mince, l’os encore avait été creux, il eût été tout à fait fragile ; de même que, si un des grands os eût été plein et dense, il eût été extrêmement lourd et incommode par son poids. Ainsi, si, dans l’état actuel le tibia, le fémur, l’humérus et tous les autres os semblables exigent les plus grands muscles pour les mouvoir, qu’arriverait-il s’ils ne renfermaient pas des cavités aussi considérables qu’ils en ont, ou s’ils n’étaient pas d’ une consistance spongieuse ? La plus grande preuve de ce fait, c’est que dans tous les animaux faibles les os ont été créés plus spongieux et plus creux que dans les animaux forts, où ils sont plus denses et très-pleins, la nature évitant, je pense, d’attacher de grands poids à de trop faibles organes. C’est pourquoi le chien, le loup, le léopard, et tous les animaux pourvus de nerfs (tendons) et de muscles vigoureux, ont la substance des os beaucoup plus dense et plus dure que les porcs, les brebis, les chèvres et d’un autre côté que le lion, le plus impétueux et le plus robuste de tous les animaux, n’a, dit-on, que des os sans moelle. En réalité, chez le lion, telle est évidemment la substance des os de presque tous les membres (c’est-à-dire qu’ils sont sans moelle) ; mais dans les fémurs et autres os semblables on voit serpenter au centre une