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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

ils ont les membres rompus ou disloqués, et les yeux hors de l’orbite, alors, je pense, alors apparaît avec évidence l’espèce de beauté qu’on retire d’une telle profession ! Voilà les heureux fruits que les athlètes recueillent sous le rapport de la beauté, tant qu’ils sont en bonne santé ; mais quand ils n’exercent plus leur profession, ils perdent tous leurs sens, et leurs membres se disloquant, comme je l’ai dit, les rendent complétement difformes.


Chapitre xiii — Que la force des athlètes est factice, elle ne convient qu’aux exercices de leur profession ; mais elle ne sert à rien soit pour les travaux de la campagne, soit pour la guerre, soit pour les autres besoins de la vie ; elle ne résiste à aucune intempérie. — Histoire de Milon de Crotone. — Que la force et l’adresse des athlètes ne peuvent même pas être comparées à celles des animaux. — Apologue qui le démontre.


Mais peut-être, à défaut de ces avantages, les athlètes rechercheront-ils la force, car ils diront, je le sais bien, que la force seule est ce qu’il y a de plus fort ; mais quelle force, ô Dieux ! et à quoi sert-elle ? Peut-elle être employée aux occupations de la campagne ? Les athlètes peuvent-ils bêcher, moissonner et labourer, ou se livrer avec succès à quelques autres travaux d’agriculture ? Peut-être, du moins, sont-ils aptes à la guerre[1] ? Mais rappelez-vous de nouveau les vers d’Euripide qui célèbre les athlètes en ces termes :

« Combat-on dans la mêlée le disque en main, personne en vérité ne fait de pareilles sottises, quand le fer ennemi brille devant lui.»

Autolyc., fragm., 281, i, ed. Dind., Oxon. 1851.

    antiques (voy. Hippocrate, De articul., §§ 35-40, t. IV, p. 158 et suiv., et Argument de M. Littré, ib., p. 4 ; Mochlique, §§ 2-3, t. IV, p. 345, et Argument, p. 332). Dans cet argument, M. Littré a rapporté, d’après Krause (lib. laud., t. I, p. 516) différents textes sur la fracture de l’oreille dans les combats du ceste. — Théocrite, dans sa xxiie Idylle, nous peint un de ces horribles combats d’où les lutteurs se retiraient le visage et le corps en lambeaux ; et dans l’Anthologie (II, Épigr. 1) nous lisons une épigramme de Lucilius dans laquelle il rapporte qu’un athlète était sorti si défiguré des jeux olympiques, que ses parents ne purent le reconnaître et qu’il fut ainsi frustré de sa part dans l’héritage paternel.

  1. Les mêmes idées sont exprimées, à peu près dans les mêmes termes, par Galien dans le traité : Si l’hygiène fait partie de la médecine ou de la gymnastique (chap. xxxiii, t. V, p. 870-871, et chap. xlvi, p. 894).