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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xx-xvi.

Au sujet de toute la peau des yeux, nous avons dans le livre actuel (cf. Hoffmann, p. 262) commencé de démontrer qu’elle ne peut pas être détachée de la chair sous-jacente, et qu’il en est de même pour les parties internes des mains et les parties inférieures des pieds. Mais ni l’une ni l’autre de ces espèces de peau n’est lâche comme celle du front, ni douée de mobilité perceptible aux sens, puisque la peau du front n’a pas été créée telle qu’elle est en vue de la même utilité ; mais si cette peau n’était pas lâche, elle ne pourrait se mouvoir au gré de la volonté. Je vais dire comment cette propriété existe en elle : elle est unie complétement à la substance musculeuse sous-jacente, et constitue la couche superficielle de cette substance musculeuse. Cependant elle n’est pas en contact avec les os sous-jacents, elle en est séparée par le périoste, lequel aussi est complétement lâche et appliqué sur les os ; aucune membrane ne s’insère sur ces os, elle y adhère seulement par quelques fibres minces. Nulle part ailleurs il n’existe une telle nature de peau, car elle serait sans utilité.

Dans les parties des joues (os malaires) en rapport avec les yeux, vous ne trouverez pas de la substance musculeuse sous-jacente, mais un périoste étendu sur les os et lâche comme toute la peau[1]. Si sa partie inférieure s’incorpore aux mâchoires, et si sa partie supérieure s’unit à la substance musculaire sous-jacente du front, c’est pour être mue avec ces parties. Vous pouvez cependant, si vous voulez, compter cette disposition comme une cinquième espèce de peau, outre les quatre espèces susdites, mais elle ne se distingue aucunement par une forme spéciale de la peau de l’animal entier. Étant seule en connexion avec deux espèces de peau mobile, unie à l’une et adhérente à l’autre, elle participe conséquemment au mouvement volontaire, et par là aussi elle diffère de la peau de l’animal entier.

Grâce à la même sagesse du Créateur, la substance seule des lèvres est faite de telle sorte, qu’on peut l’appeler justement muscle dermateux ou derme musculeux. En effet, elle avait besoin d’être mobile à volonté et beaucoup plus résistante que les autres mus-

  1. Galien confond ici le véritable périoste avec les expansions fibreuses qui doublent la peau des joues. La même erreur est commise plus haut pour le crâne.