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DE LA FACE.

toutes choses, et si ingénieusement habile à choisir et à exécuter ce qui est le mieux, les utilise à plusieurs fins.


Chapitre xv. — Des différentes espèces de peau et en particulier de celle de la face. — Que la peau des lèvres se distingue plus spécialement de toute celle du reste du corps.


Lors donc que le Créateur ornait ainsi toutes les parties, il n’a pas négligé les sourcils ni aucune autre ; mais, comme nous venons de le dire plus haut (chap. xiv, p. 687), il choisit d’abord comme substratum la matière convenable à chacune des parties futures ; puis avec cette matière il exécute ce qui est nécessaire. Nous avons dit qu’il était préférable que la peau du front fût mobile (Ibid., p. 686 ; cf. aussi IX, xv). Mais, sachant que dans une partie le mouvement volontaire ne pouvait exister sans un muscle, le Créateur a étendu sous la peau une couche mince de substance musculeuse. En effet, il crée toujours le volume des muscles proportionné à la grandeur des parties qui doivent être mues. Ce n’est qu’ici que le derme est uni à la substance musculaire, tandis qu’il est adhérent au tendon de la paume des mains et de la plante des pieds. Ce n’est pas par un souci minutieux des mots, c’est pour exprimer la différence des choses que j’ai employé le mot uni pour la peau du front, et celui d’adhérent pour celle des mains et des pieds ; vous le comprendrez clairement si vous voulez disséquer avec soin les parties. En effet, comme nous le disions dans les livres où ils sont décrits (II, vi), les tendons qui, des muscles supérieurs, aboutissent à la peau intérieure de la main et à la peau inférieure du pied, font qu’à la fois elle est plus sensible, plus glabre et moins mobile que la peau d’autres parties. Pour le front, la partie superficielle de la substance musculeuse sous-jacente devient elle-même peau.

Il existe une troisième différence dans la peau du corps entier, peau à laquelle vient s’attacher, mais non adhérer, la substance musculeuse sous-jacente (peaussier, chez les singes). Il en existe une quatrième dans les lèvres, où pour ainsi dire les muscles viennent se perdre et s’intriquer intimement avec la peau (voy. IX, xv). Aucune de ces différences n’a été créée inutilement, et sans but. Du reste, nous venons d’expliquer, à propos de ces parties, qu’il ne leur était pas possible d’être mieux autrement qu’elles ne sont.