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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xiv-xv.

parties qui les engendre ; ils ne sont pas l’œuvre de la prévoyance du Créateur. Aussi naissent-ils abondants chez les tempéraments chauds, tandis que chez les tempéraments froids ils manquent absolument ou sont excessivement rares. Ceux, au contraire, dont s’est préoccupé le Créateur même, comme le cultivateur d’un champ, naissent avec tous les tempéraments, chauds, froids, humides et secs, à moins qu’ils ne soient implantés chez un individu affecté d’une dyscrasie excessive et complète, comme est une terre pierreuse et sablonneuse.

De même donc que tout terrain, à l’exception d’un terrain aussi mauvais, comporte l’art du cultivateur, de même aussi, je pense toute saine constitution du corps admet l’art du Créateur des animaux ; et il faut une affection sérieuse de la partie pour faire tomber les poils des paupières ou des sourcils ; comme aussi il faut une affection, mais moins grave, je pense, pour enlever les cheveux de la tête. En effet, les plantes sorties d’un terrain dur et desséché, si elles ont plus de difficultés à naître et exigent beaucoup de soins, résistent mieux à la destruction ; car elles sont solidement enracinées, maintenues et pressées de toutes parts. C’est ainsi que la tête des Éthiopiens qui n’engendre, vu la sécheresse de la peau, que des cheveux grêles et privés de croissance, se dégarnit malaisément.

Le Créateur, instruit par avance de tous ces faits, sachant qu’il valait mieux donner aux paupières et aux sourcils des poils petits et incapables de croissance, il est vrai, mais stables, a implanté leurs racines sur une peau dure et cartilagineuse, comme en un terrain argileux et pierreux ; car il est tout à fait impossible de déposer dans le rocher le germe d’une plante, comme de fixer dans un os la racine d’un poil. Mais sur la tête (en effet, ce lieu était bien tempéré) il a fait germer une moisson de poils destinés d’une part, à absorber l’humidité surabondante, pour qu’elle ne nuise pas aux parties sous-jacentes, d’autre part à protéger la tête même. Quant aux abords des parties génitales, des poils devaient nécessairement y prendre naissance, car ces lieux sont chauds et humides ; ces poils servent à couvrir et à orner les parties situées en cette région, comme sont les fesses pour l’anus et le prépuce pour le membre viril (voy. chap. xiii). En effet, les choses ont une génération nécessaire (voy. V, iii) ; notre Créateur, éminent en