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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xiv.

poils eussent cette propriété, car lorsqu’il voudrait d’une pierre faire à l’instant un homme, cela ne lui serait pas possible. Et c’est en cela que diffère de l’opinion de Moïse notre opinion et celle de Platon et des autres philosophes grecs qui ont traité convenablement des questions naturelles. Pour Moïse, il suffit que Dieu ait voulu orner la matière et soudain la matière est ornée ; car il pense que tout est possible à Dieu, voulut-il même, avec de la cendre, faire un cheval ou un bœuf. Pour nous, nous ne jugeons pas ainsi, mais nous prétendons que certaines choses sont impossibles à la nature ; que Dieu, loin d’en faire l’épreuve, se contente parmi les choses possibles, de choisir la meilleure.

Si donc pour les poils des paupières il était mieux qu’ils fussent de grandeur et de nombre invariable, nous ne disons pas que Dieu l’a voulu ainsi, et qu’à l’instant les poils ont été créés avec cette propriété. Non, car le voulut-il mille fois, jamais ils ne naîtraient tels qu’ils sont, s’ils sortaient d’un derme mou. En effet, sans parler du reste, il leur serait absolument impossible de se maintenir droits, s’ils n’étaient implantés dans une substance dure.

    l’épaisse et longue chevelure des femmes, et que ces superfluités qui s’échappent du crâne ne peuvent guère servir à alimenter les poils du menton et même des joues. D’un autre côté, il ne voit pas non plus que si les cils ou les sourcils ne s’accroissent pas à cause de l’espèce particulière de peau, ou à cause du cartilage sur lesquels ils sont implantés, les poils de la tête qui reposent sur un cuir chevelu, dense et doublé par le péricrâne ne doivent pas s’accroître non plus ! Certes, pour de pareils faits, le mieux encore puisqu’on n’en sait pas la cause, c’est de dire avec Moïse ou avec Platon : cela est parce que Dieu ou la nature l’ont voulu ainsi. Je n’ai pas besoin de faire remarquer aussi combien Galien fausse à plaisir les faits pour ce qui regarde les poils des aisselles et des parties génitales : si la cause qui fait croître les poils est surtout l’humidité, assurément aucune autre partie ne devrait en avoir de plus longs que ces deux régions ; or, il est loin d’en être ainsi. Ajoutez encore que la femme, plus humide que l’homme dans le système de Galien, devrait avoir généralement plus de poils que lui, et cependant c’est à la tête seulement que la production des poils est supérieure chez la femme. Du reste, plutôt que d’abandonner son système, Galien aime mieux admettre qu’il y a dans le corps des productions abandonnées à la nature des lieux eux-mêmes, et qui ne sont pas réglées par le Créateur. Tels sont, suivant lui, les poils des aisselles et des parties génitales, comme si ces poils n’étaient pas aussi bien limités que ceux de la tête et de la face ! Je n’en finirais pas si je voulais faire ressortir tous les vices de raisonnement qui abondent dans ce chapitre.