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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xiv.

création de la partie, la fonction est la première pour la dignité, l’utilité est la première et la fonction la seconde. Nous avons établi encore (I, ix, p. 128) que la beauté véritable se résume dans la perfection de l’utilité, et que le but premier de toutes les parties est l’utilité de la structure.


Chapitre xiv. — De la double utilité des poils : par exemple, la barbe sert à protéger les mâchoires et les joues, et en même temps à orner le visage. — Pourquoi la femme en est dépourvue. — Des cheveux dans les deux sexes. — Pourquoi le front n’est-il pas couvert de poils comme le reste de la tête. — Causes de la mobilité de la peau du front. — Des sourcils et des cils. — À ce propos discussion contre Moïse qui dans la Genèse accorde à Dieu le pouvoir de faire faire ce qu’il lui plaît. — Galien sans bien comprendre Moïse met des bornes à cette omnipotence. — Comparaison de la production des sourcils et des cils à celle des plantes.


Quant à cette nécessité de viser par surcroît à la beauté de la forme, nécessité reconnue de ceux qui étudient les œuvres de la nature, comme je n’en ai parlé en aucun endroit des livres précédents, j’ai pensé que, maintenant surtout, il était convenable d’en dire un mot : Par exemple, les poils des joues, non-seulement protègent ces parties, mais encore contribuent à les orner ; car l’homme paraît plus respectable, surtout avec le progrès de l’âge, si une belle barbe vient à entourer tout son visage. C’est pour cette raison que la nature a laissé nues et glabres les parties appelées pommettes (μῆλα) et le nez ; car tout le visage aurait pris un caractère farouche et sauvage, qui ne convient nullement à un être doux et sociable. Mais l’épaisseur même des os contribue à protéger la pommette ; la chaleur de l’air expiré est favorable au nez, en sorte que ces parties non plus ne sont pas absolument délaissées. Vous pouvez aussi toucher les yeux, surtout quand il fait froid, alors vous sentirez très-nettement qu’ils sont chauds. Les yeux donc non plus ne sont pas complétement négligés ni dénués de protection contre le froid, puisqu’ils ont pour défense propre leur chaleur naturelle, qui n’a aucun besoin des téguments extérieurs.

Pour la femme, dont le corps est délicat, toujours semblable à celui d’un enfant et glabre, cette absence de poils au visage ne devait pas manquer de grâce ; d’ailleurs, comme ce sexe n’a pas des mœurs aussi graves que le sexe mâle, il n’a pas non plus