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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xi.

au sujet des ouvertures du nez, avec quel art admirable elles aboutissent à l’os établi en avant des ventricules de l’encéphale, os semblable à une éponge (ethmoïde), et se terminent dans la bouche au palais, afin que l’inspiration ne commence pas immédiatement à la trachée-artère, mais que l’air fasse d’abord un détour, et comme un circuit, avant de pénétrer dans la trachée. De cette disposition, en effet, devait résulter, je pense, un double avantage ; l’un, que le poumon ne se refroidirait pas, car souvent l’air qui nous enveloppe est très-froid, et l’autre, que les particules dont parfois il est chargé, particules de poussière, de suie ou d’autre matière semblable ne pénétreraient pas jusqu’à la trachée-artère.

Dans ce circuit, l’air peut poursuivre sa route, mais les particules de cette espèce sont arrêtées, et s’attachent dans ces détours à des corps de nature humide et molle, imprégnés de viscosité et susceptibles par toutes ces qualités, de retenir les particules au passage. Quelqu’une parvient-elle jusqu’à la bouche, elle s’accroche au palais et à la colonne (κίων), car c’est aussi un des noms qu’on donne à la luette[1]. La preuve la plus frappante de ce fait est ce qui arrive journellement aux gens qui luttent dans des tourbillons de poussière (pancratiastes), et à ceux qui cheminent sur une route poudreuse. Ils ne tardent guère à se moucher et à cracher en expectorant de la poussière. Mais si d’abord les conduits du nez ne remontaient droit à la tête, et ensuite ne se dirigeaient obliquement vers le palais, et si en cet endroit ils n’avaient la luette pour leur succéder, il est évident que rien n’empêcherait la chute dans la trachée de tous les corpuscules de cette nature. C’est précisément ce qui arrive quand on respire par la bouche. J’ai vu maints athlètes vaincus principalement par cette circonstance, et ayant couru risque d’être étouffés, parce qu’ils avaient aspiré la poussière par la bouche. Ils avaient couru ce danger par un besoin subit d’inspirer fortement ; or, c’est la seule circonstance où les animaux respirent par la bouche, du moins à l’état normal[2] ; car s’il survient un phlegmon, un squirrhe ou

  1. Voy. la Dissert. sur les termes anatomiques.
  2. Galien est en ce point d’accord avec Aristote, qui appelle (Hist. anim., I, xi, med.), le nez τῷ πνεύματι πόρος, et qui ajoute que c’est par le nez que se font l’inspiration, l’expiration et l’éternument. Dans le traité Des parties des animaux