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DE LA FACE.

moins de ses parties internes se trouverait ou défectueuse ou superflue, ou n’offrant qu’une utilité absolument oiseuse. Si l’on observe, au contraire, que toutes ont été disposées pour la nutrition et la déglutition, pour la voix et la respiration, qu’aucune n’est inactive, ni défectueuse et ne gagnerait à être différemment, c’est une preuve suffisante, je pense, que la bouche même et que toutes les parties en rapport avec elle ont été disposées avec art. En effet, pour la tunique qui tapisse toutes ces parties, nous avons dit précédemment (IX, ix) qu’elle reçoit une portion non médiocre des nerfs mous venant de l’encéphale, dans le but, je crois, d’apprécier les saveurs comme la langue et de conserver une juste mesure de mollesse et de dureté, afin de ne pas devenir insensible ou peu sensible, ainsi que sont les os par trop de sécheresse et de dureté, et de ne pas être trop aisément blessée ou froissée par les aliments un peu durs et acides.

Nous avons dit encore, au sujet de la luette, dans nos Commentaires sur la voix (voy. VII, v et p. 380, note 2), qu’elle contribue à l’élévation et à la beauté de la voix, et cela d’une façon bien rationnelle, puisque d’abord elle coupe l’air à son entrée, amortit la violence de son courant, et par cela même celle du froid ; nous ajoutions que plusieurs personnes ayant eu la luette tranchée jusqu’à la base, non-seulement ont éprouvé dans la voix une altération manifeste, mais encore qu’elles sentent le froid de l’air inspiré, que beaucoup même sont mortes d’un refroidissement du poumon et de la poitrine[1] ; qu’enfin, si l’on coupe la luette, il ne faut pas opérer précipitamment, ni au hasard, mais laisser une partie de la base. Au reste, il est inutile de s’étendre plus longuement sur ce sujet, il nous suffira de rappeler ici les points principaux de la matière.

Nous avons dit aussi dans les livres précédents (VIII, vi et vii),

  1. Vésale et Colombus pensent (voy. Hoffmann, l. l., p. 244) que l’ablation de la luette altère le timbre de la voix ; mais Bauhin (Theatr., III, lxxxiii) rapporte le fait d’un marchand à qui on avait enlevé toute la luette, et qui n’en éprouva aucune espèce de dommage. Les chirurgiens modernes paraissent être d’accord avec Bauhin. Quant à ce que dit Galien, qu’à la suite de cette ablation le poumon peut tellement se refroidir, que la mort s’ensuive, c’est une proposition purement théorique, et à laquelle il ne faut, à peine est-il besoin de le dire, accorder aucune foi.