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DE LA FACE.

des atomes ; mais croire qu’il a réussi également pour toutes les espèces est impossible, à moins de leur supposer l’intelligence.


Chapitre ix. — Variation du nombre des dents des divers genres suivant la nature des animaux. — Variété de grandeur de la bouche chez les divers animaux. — Galien continue à tourner en ridicule les partisans d’Épicure et d’Asclépiade.


Au reste, nous aurons occasion de reprendre un jour la question sur les autres animaux. L’homme, car c’est à lui qu’il faut revenir, ne pousse de chaque côté qu’une canine, tandis que les lions, les loups, les chiens en ont de chaque côté un grand nombre. C’est qu’à cet égard la nature savait clairement, en créant l’homme, qu’elle formait un être doux et sociable qui devait tirer sa force, non de sa vigueur corporelle, mais de sa raison (cf. I, ii, iii et iv).

S’il lui était nécessaire d’avoir assez de dents canines pour écraser quelque corps un peu dur, il lui suffisait pour cela de deux dents, en sorte qu’elle lui a donné avec raison un nombre double d’incisives dont l’utilité est plus grande, et un nombre plus considérable de molaires dont l’utilité est plus grande encore. Le nombre de ces dernières n’est pas limité : il en naît cinq chez ceux qui ont la mâchoire plus allongée ; quatre chez ceux qui l’ont plus petite ; généralement cinq, mais jamais quatre à gauche et cinq à droite, ou, en sens inverse, cinq à gauche et quatre à droite, ou quatre en bas et cinq en haut ; cependant les atomes auraient pu, au moins pour une fois, oublier l’égalité de nombre[1]. Pour moi, tout en rendant mille grâces aux atomes, comment pourrais-je leur attribuer les œuvres dont la mémoire seule est capable ? En effet, les pères eux-mêmes des atomes n’osent pas leur accorder l’intelligence et la raison. Comment dans un atome pourrait se manifester la mémoire de l’égalité ou de l’analogie ?

Comment l’homme a-t-il une petite bouche, tandis que les lions, les loups, en un mot, tous les animaux dits carnassiers en ont une énormément fendue, si à cet égard aussi notre Créateur ne s’était souvenu de l’utilité des parties ? En effet, il était raison-

  1. Voy. sur les irrégularités du nombre des dents, Hoffmann, l. l., p. 351 ; et Otto, Lehrbuch der pathologischen Anatomie, t. I. p. 186 suiv.