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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

tandis que les athlètes sont soumis à ces excès ; quelquefois même, on leur déchire le dos avec des branches de laurier-rose. Aussi le vieux Hippocrate ajoute à ce que j’ai rapporté plus haut : « Remplir ou évacuer, échauffer ou refroidir, ou mettre le corps en mouvement de quelque façon que ce soit, beaucoup et subitement, est dangereux ; car, dit-il, l’excès est l’ennemi de la nature (Aph., II, 51). » Mais les athlètes ne tiennent compte ni de ces conseils ni de beaucoup d’autres si bien donnés par Hippocrate ; ils mènent une vie tout à fait contraire aux préceptes de l’hygiène ; aussi je regarde leur genre de vie comme un régime bien plus favorable à la maladie qu’à la santé. Je crois Hippocrate du même sentiment lorsqu’il dit : « La diathèse athlétique (διάθεσις ἀθλητική) n’est pas naturelle ; la complexion saine est meilleure[1]. » Non-seulement Hippocrate déclare contre nature le genre de vie des athlètes, mais il ne nomme même pas complexion (ἕξις) leur manière d’être, ne voulant pas se servir pour eux d’une expression par laquelle tous les anciens désignent l’état des individus en parfaite santé. La complexion (ἕξις) est un état permanent et qui change difficilement, tandis que l’embonpoint athlétique porté à l’extrême est trompeur et sujet à changer, car il ne saurait s’accroître, puisqu’il a atteint le degré le plus élevé ; et de ce qu’il ne peut ni demeurer au même point, ni être stationnaire, il ne lui reste plus qu’à se détériorer[2].

Tant que les athlètes exercent leur profession, leur corps reste dans cet état dangereux, mais ils tombent dans un état plus fâcheux encore quand ils la quittent ; en effet quelques-uns meurent peu de temps après, d’autres prolongent un peu leur carrière, mais ils n’arrivent pas à la vieillesse, ou, s’ils atteignent cet âge, ils ressemblent exactement aux Prières d’Homère[3] :

« Boiteux, ridés, et à l’œil louche. » Iliad., IX, 498-9.

  1. C’est ici le lieu de transcrire un passage de Celse (II, ii) qui est une sorte de commentaire de l’aphorisme d’Hippocrate : « Si plenior aliquis, et speciosior, et coloratior factus est, suspecta habere sua bona debet ; quæ quia neque in eodem habitu subsistere, neque ultro progredi possunt, fere retro, quasi ruina quadam, revolvuntur. »
  2. Voy. la note 1 de la p. 33.
  3. « Les Prières, filles du grand Jupiter, sont boiteuses, ridées et à l’œil lou-