Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/699

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
667
DE LA FACE.



Chapitre viii. — Du nombre et de la division des dents. — Que leurs conditions de structure et d’implantation, leurs mutuelles correspondances dans les deux mâchoires sont les meilleures dispositions qu’on puisse imaginer eu égard aux usages auxquels elles sont destinées. — Continuation de l’attaque contre Épicure et Asclépiade. — Tant d’heureuses dispositions qui se trouvent chez tous les animaux et qui, du reste, sont en harmonie avec celles d’autres parties ne sauraient être l’œuvre du hasard, mais d’un art consommé.


Voulez-vous aussi attribuer aux atomes ces heureux résultats ?

Pourquoi avons-nous précisément trente-deux dents, fixées seize sur un rang à chaque mâchoire, celles de devant (au nombre de huit) nommées incisives, tranchantes et larges, capables de couper en mordant ; à leur suite les [quatre] canines, larges à la base, acérées au sommet, capables de briser les corps trop durs que n’auraient pu couper les incisives, puis les [vingt] mâchelières qu’on nomme aussi molaires, raboteuses et larges, dures et longues, faites pour triturer exactement les aliments coupés par les incisives ou brisés par les canines ?

Supposez, une seule modification dans les dents, vous verrez aussitôt leur utilité anéantie. Si [les molaires] eussent été entièrement polies, elle n’auraient pas été propres à leurs fonctions. En effet, toute espèce de corps sera mieux broyée par des dents inégales et raboteuses. C’est pour cette raison même que les meules avec lesquelles on moud le blé, venant avec le temps à s’émousser et à se polir, on les taille et on les repique de nouveau.

Supposez-les raboteuses, si elles n’étaient pas dures aussi, quel avantage en résulterait-il ? car elles seraient brisées avant d’avoir broyé les aliments. Fussent-elles raboteuses et dures, si elles n’étaient larges, il n’y aurait pas plus de profit, car les instruments de trituration ont besoin d’être affermis par une large base. C’est pourquoi les incisives ne sauraient broyer parce qu’elles sont étroites. Avec toutes ces qualités, si elles étaient petites, ce défaut seul ne détruirait-il pas l’utilité même des autres qualités, puisqu’il nous faudrait un temps très-considérable pour broyer les aliments ? Il en est de même des dents incisives et des suivantes (canines) qui sont acérées. Vous trouverez que leur utilité est abolie, si une de leurs qualités, n’importe laquelle, est modifiée.

Mais admettons que toutes ces combinaisons si sages soient le fruit d’un hasard heureux ; changez la disposition seule des dents,