d’appeler hasard la puissance qui a conformé avec tant de précision toutes les parties de l’animal, pourvu seulement que vous ayez bien compris et reconnu que vous forgez injustement de nouveaux sens aux mots, vous pouvez, contemplant le soleil suspendu sur la terre, appeler nuit sa lumière, et si vous voulez, appeler le soleil lui-même non pas lumière éclatante, mais ténèbres. Il vous est permis de ne vous écarter en aucune circonstance d’un raisonnement aussi sensé, comme à nous de ne pas abdiquer notre ignorance, et quand nous trouvons que toutes les parties ont précisément la structure qui leur convient, de déclarer qu’elles ont pour cause l’art et non pas le hasard.
Mais, au nom des Dieux, car j’ai pitié de votre folie, pourquoi dans toutes les parties de la face, est-ce des nerfs supérieurs qu’il naît des ramifications lesquelles traversent les os ? Pourquoi aucune d’elles ne se détache-t-elle pour s’insérer aux muscles qui ouvrent la bouche, bien que ces muscles soient proches ? Pourquoi de ces muscles aucun ne remonte-t-il aux muscles temporaux, comme de ces derniers non plus, aucun ne descend aux muscles qui ouvrent la bouche ? Pourquoi enfin le derme a-t-il été complétement fendu pour former la bouche ? Car l’occasion est venue maintenant d’aborder cette question-là. Comment ne le trouve-t-on pas fendu au dos, à la tête ou à quelque autre partie du corps ? C’est le hasard, dit-on, qui a fait cela. Mais si c’est la chaleur incompressible ou le pneuma (car telles sont leurs raisons futiles) qui en déchirant le derme a engendré la bouche, comment n’ont-ils pas produit ce même effet au sommet de la tête, comment n’y a-t-il pas eu rupture en cet endroit, par là aussi ascension du pneuma, puisque la chaleur et le pneuma s’ élèvent naturellement ? Si des atomes, par leur assemblage et leur entrelacement, ont constitué nos corps, comment n’ont-ils pas plutôt percé la tête ou quelque autre partie du corps, pour engendrer la bouche en cet endroit ? Comment, si elle a été percée au hasard, a-t-elle immédiatement renfermé et les dents et la langue ? Et comment les méats du nez et du palais qui purgent le cerveau ont-ils été percés pour communiquer ensemble. Il n’était pas indispensable que des dents existassent dans les parties fendues du corps. En effet, à l’anus et aux parties génitales, surtout à celles de la femme, il existe bien une fente, mais on n’y trouve ni dent, ni os, si petit qu’il soit.