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DE LA FACE.

saire, cela est également évident pour tout le monde, que les artères se partageassent en cet endroit et se distribuassent à l’une et à l’autre mâchoire, à la langue, à la bouche, aux parties postérieures et antérieures de la tête, à celles du col entier en même temps qu’à celles de l’épine dorsale même. — Une chose non moins nécessaire que la précédente, c’est qu’il existât des glandes aux bifurcations des vaisseaux, pour les préserver de toute lésion en les consolidant.

La nature a créé encore en cet endroit quelques autres glandes dont j’ai parlé précédemment (VII, xvii), dans l’intérêt de la trachée-artère. Un si grand nombre d’organes si considérables, qui ne pouvaient être déplacés sans le plus extrême dommage pour l’animal, avait occupé d’avance tout l’espace en cette région.

C’est donc avec raison que les muscles qui font jouer la mâchoire inférieure naissent, non pas des vertèbres du cou, mais du lieu indiqué plus haut, et qu’à l’endroit le plus rempli de nombreux organes, dans les parties voisines des amygdales, chacun des tendons se trouve dépouillé de fibres charnues et aminci. Plus épais, en effet, ils n’auraient pu traverser un passage si rétréci. D’un autre côté, minces comme ils sont actuellement, s’ils fussent encore restés [dans toute leur étendue] à l’état de muscles, ils eussent été trop faibles. Comme ces muscles devaient être à la fois résistants et grêles, il en résulte que la nature, avec raison les a, en cet endroit, dépouillés de toute leur chair, prolongeant seulement les tendons dénudés, lorsqu’elle les a tirés du défilé ; alors elle les revêt peu à peu de chair et refait d’eux des muscles.

Tels sont les trois genres de muscles que la nature a créés pour mouvoir la mâchoire, les uns l’ouvrant (digastriques), d’autres la fermant (temporaux), d’autres lui imprimant diverses flexions (masséter, et accessoirement peaussier)[1], sans qu’elle ait rien négligé ni pour les positions, ni pour les formes, ni pour l’opportunité des insertions. En effet chacun d’eux paraît arriver précisément à cette partie de la mâchoire qui offre le plus de prise et qui est la mieux appropriée au mouvement pour lequel le muscle a été créé.

  1. Voy. la Dissert. sur l’anatomie.