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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, iii-iv.

sont par la longueur du cou et des mâchoires également éloignés des types extrêmes. En effet, ils se servent de leurs pieds en quelque sorte comme de mains. Aussi, de tous les animaux, l’homme a-t-il le muscle temporal le plus petit, parce qu’il a la mâchoire que meut ce muscle à la fois très-petite et faible d’action.


Chapitre iii. — La nature a caché profondément les muscles temporaux, parce qu’elle a prévu les dangers qui résulteraient pour le cerveau de leur lésion. — Comparaison de ces muscles avec ceux des yeux. — De quels moyens la nature s’est servi pour protéger les muscles temporaux. — De l’arcade zygomatique.


Pourquoi ce muscle seul est-il caché sous les os de la tête, les uns le recevant dans leurs cavités, les autres l’embrassant circulairement de sorte qu’une faible partie fait saillie à l’extrémité du front, ou plutôt ce muscle n’est pas le seul dans ce cas, mais cette disposition est une utilité commune à ceux des yeux. En effet plus que tous les muscles, ces derniers, s’ils sont lésés, occasionnent des spasmes, des fièvres, le carus, le délire. Pour qu’ils soient le moins possible lésés par le choc de corps étrangers capables de meurtrir ou de couper, la nature les a entourés circulairement d’un rempart d’os durs. Mais pourquoi leur lésion est-elle si dommageable ? C’est qu’ils sont les plus proches du principe des nerfs[1] (c’est-à-dire, de l’encéphale) et qu’un seul os empêche leur contact avec l’encéphale même. Les muscles temporaux, vu leur grandeur, peuvent blesser l’encéphale plus encore que ceux de l’œil ; d’ailleurs une seule branche de nerfs arrive aux muscles des yeux (voy. IX, viii) tandis qu’il en arrive plusieurs aux muscles temporaux (ibid. et chap. xvii). Si donc, comme le disait Hippocrate (Des humeurs § 4 fine, t. V, p. 482 ; Des articul., § 53, t. IV, p. 237 ; Conf. Gal. in lib. De hum. II, 6, t. XVI, p. 233), les parties confinant et les parties communes [aux lieux affectés] souffrent plus gravement, et s’il n’est pas un muscle plus proche de l’encéphale que ceux des tempes, ni en communication avec lui par plus de nerfs, il est naturel que le principe ressente à l’instant les

  1. Pour bien comprendre cette proposition il faut aussi ne pas oublier que pour Galien les tendons des muscles sont en partie fibreux, en partie nerveux, et que par conséquent ils se rattachent directement au centre cérébro-spinal.