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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, xiii.

que le toucher, guidé par les yeux ne se trompe pas et ne cherche pas ailleurs les objets qui lui sont clairement montrés. Sans parler des autres preuves de ce fait, nous dirons que les personnes privées d’un œil, ou que celles qui font usage de leurs deux yeux à la fois, passent aisément un fil à travers les plus fines aiguilles, ce qu’elle ne pourraient faire si elles ne distinguaient nettement les objets. Mais puisque tout objet, comme nous l’avons dit, est vu à côté de quelque autre, il est naturel que si on le compare aux objets qui l’environnent, il nous apparaisse, situé tantôt à droite, et tantôt à gauche, et tantôt en ligne droite ; il n’y a pas contradiction dans ces raisonnements.

Il existe des milliers d’autres preuves des problèmes d’optique que nous ne pouvons énumérer maintenant. Ce que je viens d’en dire n’a même pas été écrit spontanément, mais, comme je l’ai dit (chap. xii, init.), par l’ordre d’une Divinité. C’est à elle de juger si en traitant ce sujet nous avons gardé une mesure convenable eu égard à tout notre traité.


Chapitre xiii. — Suite de la théorie de la vision. — Des axes visuels et de leurs positions. — Rapports géométriques des deux nerfs optiques.


Terminons donc ce livre en rappelant qu’il est nécessaire que les axes des cônes optiques soient situés dans un seul et même plan pour qu’un seul objet ne paraisse pas double. Or, ces axes ont pour point de départ les conduits (nerfs optiques) qui viennent du cerveau. Il fallait donc qu’au temps où l’animal séjourne encore dans le sein maternel et s’y développe, ils fussent établis sur un même plan. Quel devait donc être le plan immuable sur lequel la nature, en modelant les animaux, établissait les conduits ? Était-ce une membrane dure, une tunique, un cartilage, ou un os ? car un organe mou et cédant au contact des objets n’aurait pu se maintenir fixe ; et de plus où l’aurait-elle établi et comment l’aurait-elle étendu solidement et de manière à n’être pas comprimé sous les deux conduits ? Ceux qui pratiquent les dissections savent parfaitement qu’une telle disposition dans cet endroit était difficile à effectuer. Je ne dis pas maintenant que la nature n’aurait pu imaginer quelque procédé de génération et d’arrangement tel qu’il n’y aurait eu lésion ni pour un des corps