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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

Car, dans un cône dont l’axe est plus élevé que celui d’un autre cône, le cône tout entier lui-même est plus élevé aussi. Quand le cône tombe de l’œil qui est abaissé sur les objets, tous les rayons du même ordre sont aussi plus abaissés ; quand il tombe de l’œil qui est plus haut, le contraire a lieu. Mais si, vu par les rayons plus élevés, l’objet paraît être plus élevé, et s’il paraît plus bas, vu par des rayons plus bas, naturellement l’objet paraîtra plus haut quand il est vu par un cône plus élevé, et plus bas quand ce sera par un cône plus bas. Vous aurez une preuve évidente de cette assertion, si, après avoir regardé avec un seul œil déprimé (c’est-à-dire, de façon que la pupille soit ou plus haute ou plus basse), un objet qui, alors, par erreur, vous paraissait double, vous fermez cet œil et vous le regardez avec l’autre. Il se forme, dans ce cas, une image complète de la situation de l’objet qu’on regarde ; c’est celle qui existait dans l’oeil actuellement fermé lorsqu’il était ouvert. L’autre apparence reste immuable conservant la situation qu’elle avait dès le principe. Cependant, lorsque les deux yeux, étant à l’état naturel, n’apercevaient qu’un objet (c’est-à-dire, ne le voyaient pas double), l’image de la position changeait à l’instant dès qu’on fermait l’un des deux ; l’objet semblait sauter à une autre place, et, si on l’ouvrait de nouveau, changer encore ; jamais il ne restait au même endroit, qu’on fermât ou qu’on ouvrît un œil n’importe lequel.

Si, lorsque par compression on relève ou l’on abaisse la pupille, une image de la position disparaît complètement, et que l’autre demeure immuable, quand on a fermé un œil, il en résulte que toute déviation de la pupille ne fait pas paraître double l’objet regardé, mais celle seulement qui l’élève ou l’abaisse plus qu’elle n’est dans l’état naturel. Les déviations vers le grand ou le petit angle nous font paraître l’objet plus à droite ou plus à gauche, mais non pas double. En effet, les axes des cônes restant dans un seul plan, ceux qui ont les yeux tournés soit après la naissance, soit dès le temps de la vie fœtale sans que l’une ou l’autre pupille soit relevée, et dont l’œil seulement se rapproche ou s’écarte du nez (strabisme), ne commettent pas d’erreurs de vision. Mais ceux dont la pupille incline trop bas ou trop haut, ont beaucoup de peine à les fléchir et à les maintenir sur une même ligne afin de voir nettement les objets.

La preuve que chaque objet est vu à la place qu’il occupe, c’est