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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.



Chapitre ii. — Théorie de la vision. — Que cette théorie exige pour être comprise l’intervention de la géométrie. — Voy. Dissertation sur la physiologie.


Nous avons exposé presque tout ce qui concerne les yeux, excepté un point que j’avais l’intention d’omettre pour épargner au vulgaire l’obscurité des explications et la longueur du sujet. Comme il fallait, en effet, entrer dans des considérations géométriques et que ces considérations non-seulement sont ignorées de la plupart des gens qui se donnent pour instruits, mais que ces gens mêmes évitent et supportent difficilement les hommes versés dans la géométrie, il me semblait préférable de laisser complètement de côté cette question. Cependant ayant été accusé en songe[1] d’être injuste envers l’organe le plus divin, et impie envers le Créateur, si je laissais sans explication une œuvre importante témoignant de sa prévoyance à l’égard des animaux, je me suis décidé à reprendre la question omise, et à l’ajouter à la fin du livre.

En effet, les nerfs sensitifs qui descendent de l’encéphale aux yeux (nerfs optiques), et qu’Hérophile nommait conduits parce qu’eux seuls présentent des canaux visibles, manifestes aux sens et destinés au parcours du pneuma, non-seulement offrent cette particularité qui les distingue des autres nerfs, mais encore ils naissent de régions différentes, et après s’être unis en avançant, se séparent ensuite et se divisent. Pourquoi la nature n’a-t-elle pas fait partir du même point le principe de leur prolongement supérieur ? Pourquoi les ayant créés l’un à droite l’autre à gauche, au lieu de les conduire directement dans la région des yeux, a-t-elle commencé par les courber intérieurement, les rejoindre, unir leurs conduits, les amenant ensuite aux yeux, chacun selon la direction du prolongement supérieur ? En effet, loin de les transposer en dirigeant celui du côté droit sur l’œil gauche, et celui du côté gauche vers l’œil droit, elle a donné à ces nerfs une figure très-semblable au chi (Χ).

À moins d’une dissection minutieuse, on croirait peut-être que ces nerfs sont transposés et qu’ils passent l’un sur l’autre. Il n’en

  1. Voy. sur la croyance de Galien aux songes, Œuvres d’Oribase, Paris, 1854, p. 787, la note de la p. 53, l. 7.