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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

nettement distingué moi-même le muscle du grand angle. Jusqu’ici, en effet, je ne l’ai pas clairement aperçu en traitant des fistules lacrymales, où non-seulement on coupe souvent, mais encore où l’on brûle cette partie au point que parfois des esquilles des os sous-jacents se détachent, sans que la paupière soit en rien gênée dans son mouvement. Ainsi, il me semble qu’il faut examiner encore [ces explications des anatomistes]. Si je suis certain un jour d’avoir éclairci toute cette question, je le ferai connaître dans le traité Sur les mouvements obscurs[1], que j’ai résolu d’écrire. Maintenant il me suffit de dire que l’habileté de la nature est si profonde, que, scrutée depuis si longtemps par des hommes d’un si grand mérite, elle n’a pu être encore découverte dans toute son étendue.


Chapitre xi. — De l’utilité de la caroncule lacrymale, des points lacrymaux, des glandules, de la graisse, et du canal lacrymal.


Examinons maintenant ce qui a rapport aux angles de l’œil. Si le corps charnu (caroncule lacrymale), situé au grand angle est utile, la nature paraîtrait faire tort au petit en le privant d’une protection utile. Si, au contraire, ce corps est dénué d’utilité, la nature lèse le grand angle en le surchargeant sans profit. Qu’est-ce donc que cela, et comment ne fait-elle tort ni à l’un ni à l’autre ? Elle a établi le corps charnu au grand angle pour recouvrir l’ouverture des fosses nasales (canal lacrymal). L’utilité de cette ouverture était double pour l’animal : l’une, que nous signalions plus haut (IX, xvi), lorsque nous parlions des nerfs issus de l’encéphale ; l’autre, qu’il convient d’indiquer maintenant : Toutes les superfluités des yeux coulent par ces ouvertures dans les narines, et souvent l’on rend en crachant ou en se mouchant les médicaments dont on vient d’enduire l’œil. En effet, le conduit de l’angle dans le nez a été percé en face de celui du nez même dans la bouche. Donc, quand on se mouche, l’humeur s’écoule par le nez, et par la bouche quand on crache. C’est pour prévenir l’écoulement des superfluités par les angles et un larmoiement con-

  1. Ce traité est perdu, ou n’a jamais été composé. Voy. dans le Ier vol. la bibliographie de Galien. — Cf. Hoffmann, l. l., p. 235.