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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, viii-ix.

dre de la volonté, autrement elles auraient été sans utilité aucune. Or la nature a disposé les muscles comme organes de tous les mouvements volontaires, et ces muscles meuvent les parties au moyen de tendons insérés sur les parties elles-mêmes. Nous avons démontré dans le traité Sur le mouvement des muscles (I, iv, suiv.) que toutes les parties mues par la volonté ont besoin, pour le moins, de deux muscles antagonistes, l’un capable de tendre, l’autre de fléchir. Aucun muscle, nous l’avons démontré aussi (cf. XI, x ; XII, viii), ne peut seul effectuer les deux mouvements parce qu’il tire à lui complétement la partie qu’il doit mouvoir, et s’il est unique, il ne peut occuper qu’une position.

S’il en est ainsi, comment les paupières seront-elles mues ? En effet la paupière inférieure est absolument immobile[1]. Quant à la paupière supérieure, on la voit, il est vrai, se mouvoir ; mais des sophistes[2] ne découvrant ni les muscles qui la meuvent, ni son mode de mouvement ont poussé l’impudence jusqu’à prétendre que le mouvement de cette paupière, loin d’être volontaire, était

    siers, ont le suspenseur divisé en quatre faisceaux (voy. Cuvier, Anat. comp., t. III, p. 447). — Il me paraît évident, d’après la description de Galien, qu’il a décrit ce muscle sur de grands mammifères, et que la divergence d’opinions qu’il signale sur la division du muscle tient aux diverses espèces sur lesquelles l’ont étudié les anatomistes ses contemporains ou ses prédécesseurs.

  1. C’est là une assertion complétement fausse, et qui, je crois, vient des idées préconçues de Galien sur les mouvements des paupières. Cette même assertion se retrouve fortifiée dans le chapitre x. En la reproduisant avec une telle persévérance, Galien ne se montre pas moins aveugle que ces sophistes qu’il tourne si bien en ridicule.
  2. « Nescio, an non tangere velit Aristotelem ? Cum enim is doceat, Part. Anim., II, xiii, palpebras sola cute constare et moveri motu non voluntario, sed necessario et naturali : videtur impingere in hoc saxum. Sed defendit Aristotelem D. ab Aquapendente motum scilicet palpebrarum eatenus esse naturalem, quatenus servit affectioni corporis, quemadmodum et egestio excrementorum et respiratio ; qua de re Galenus, Mot. muscul., II, vi. Erit igitur inter motus dubios, a qua sententia non videtur obesse Galenus in fine cap. x. Verum tamen, quo minus, putem, Aristotelem heie commemorari, facit quod Galenus de sophistis istis scribit, illos negare naturam quid quam fecisse artificiose. Hoc vero de Aristotele dici neutiquam potest. » Hoffmann, l. l., p. 234. — Quoi qu’il en soit, Galien et Aristote ont raison chacun de son côté, mais incomplètement, car en réalité les paupières jouissent des deux espèces de mouvements, le volontaire et l’involontaire.