Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

Tous les médecins les plus célèbres sont d’accord avec lui.

Cependant je ne voudrais pas seulement juger d’après les témoignages, car c’est plutôt un procédé de rhétorique que le fait d’un homme estimant la vérité. Mais puisque quelques personnes recourant aux suffrages de la multitude et à la vaine gloire qu’ils procurent, refusent de considérer la profession d’athlète dépouillée d’un prestige étranger, je suis contraint de leur opposer aussi des témoignages, afin qu’ils sachent bien que même de ce côté ils n’ont pas plus d’autorité que nous.

L’histoire de Phryné[1] me semble venir ici fort à propos : Assistant un jour à un banquet, où l’on jouait à ce jeu qui consiste à commander chacun à son tour ce que l’on veut aux convives, Phryné voyant que les femmes avaient peint leur visage avec de l’orcanette, de la céruse et du rouge[2], ordonna de tremper les mains dans l’eau, de se toucher le visage et de l’essuyer aussitôt avec un linge ; elle commença par le faire elle-même ; alors on vit la figure des autres femmes toute couverte de taches ;

    raît que la première εὐεξία était une conception purement médicale ; et comme l’embonpoint a été de tout temps considéré comme un signe de santé par les gens étrangers à la médecine, εὐεξία signifiait pour le vulgaire tout simplement l’embonpoint. Les médecins eux-mêmes se conformaient quelquefois à cet usage. Ainsi Théophile (Comm. in Aph., I, 3, édit. Dietz, t. II, p. 258) dit εὐεξίαν Ἱπποκρ. καλεῖ τὴν πολυσαρκίαν, et, suivant Aristote (Eth. Nicom., V, i), l’εὐεξία consistait dans la densité de la chair, tandis que, suivant Galien (Comm. in diæt. salub., loc. cit.), c’était justement la densité de la chair qui rendait la santé des athlètes si précaire. Selon Zénon le Stoïcien, au contraire (ap. Gal., De plac. Hipp. et Plat., V, ii, t. V, p. 440), c’était la bonne proportion des quatre qualités élémentaires qui produisait l’εὐεξία. — Quant à l’embonpoint des athlètes, il n’est pas nécessaire de nous y arrêter, car on trouvera d’amples détails sur ce sujet dans Krause (Die Gymnast. und Agonist. der Hellenen, p. 656 sqq.). Remarquons seulement qu’on regardait cet embonpoint des athlètes comme étant uniquement formé de chair et non de graisse (voy. Arist., Problem., VIII, 4). — Cf. aussi note 3, de la page 35.

  1. Courtisane grecque célèbre par sa beauté et pour avoir contribué de son argent à faire relever les murs de Thèbes, renversés par Alexandre (voy. Ælian., Var. hist., IX, xxxii, et les notes de Kuehn, t. II, p. 42). — L’histoire que raconte Galien ne paraît pas se retrouver ailleurs.
  2. En parlant du luxe des femmes, Lucien (Amor., xl, t. II, p. 440-1) dit : « Il semble que toute l’Arabie s’exhale de leur chevelure. » Ὅλην Ἀραβίαν σχεδὸν ἐκ τριχῶν ἀποπνέουσαι.