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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

Écoutez maintenant, si vous le voulez, ce que le même poëte dit de l’inutilité de tout ce que font les athlètes :

« Quel homme habile à la lutte, ou rapide à la course, ou lançant adroitement le disque, ou sachant bien briser une mâchoire, a mérité une couronne civique en servant le pays de ses pères ? »

Autolyc. fragm. 281,1, ed. Dind., Oxon. 1851.

Enfin, si vous voulez entendre un jugement encore plus explicite, écoutez de nouveau Euripide :

« Combat-on dans la mêlée le disque en main, repousse-t-on les ennemis de la patrie en courant à travers des boucliers ; personne ne fait de pareilles sottises quand il est devant le fer ennemi. »

Ibid.

Rejetterons-nous le témoignage d’Euripide et des écrivains qui lui ressemblent pour nous en rapporter au jugement des philosophes ? Mais tous, comme d’une commune voix, condamnent la profession d’athlète. Quant aux médecins, pas un seul, non, pas un seul, ne l’a approuvée. — Écoutez d’abord Hippocrate (De alim., Foës, p. 382, l. 29) :

« La diathèse athlétique, dit-il, n’est pas naturelle, mieux vaut la complexion (ἕξις) saine[1]. »

  1. D’après Galien (De bono hab., i, t. IV, p. 750), on appelle ἕξις tout ce qui est persistant et difficile à transformer, μόνιμον καὶ δύσλυτον (cf. aussi Arist., Categ., v et vi ; Metaph., IV, xx ; Galien, Utrum med. sit an gymn. hyg., xii, t. V, p. 834, et Meth. med., II, iii, t. X, p. 87). Il semble ressortir de plusieurs endroits de Galien (voy. Ars med., xiv, t. I, p. 841, Comm. Il in vict. acut., § 31 et 47, t. XV, p. 570 et 610. — Cf. aussi Gorræus, Définit. med. v. ἕξις, et l’lnd. de M. Ermerins sur Arétée), que ce mot était principalement employé par les médecins pour désigner l’état des solides, surtout celui des parties externes. Or, εὐεξία ne signifiant pas autre chose qu’une bonne ἕξις, ce mot devait s’employer naturellement pour désigner un bon état des solides, surtout des parties extérieures, c’est-à-dire une bonne complexion. Il faut remarquer cependant que Galien (De bono hab., loc. cit., p. 750 sqq. ; Utrum medic., etc., ix, t. V, p. 819, Comm. in Salub. diæt., § 28, t. XV, p. 217, Comm. in Aphor., I, 3, t. XVII, B, p. 362) fait souvent une distinction entre l’εὐεξία proprement dite, et l’εὐεξία des athlètes. La première était exactement la santé parfaite (voy. Galien, De bono hab., loc. cit., p. 751 ; Utrum medic., etc., xii et xv, p. 824 et 830 ; Suidas, in voce) ; la seconde, au contraire, recherchait quelque chose de plus, et particulièrement la masse des chairs (Galien, De bono hab., loc. cit., p. 753). Mais il pa-