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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, xiv-xv.

traire il existe dans les nerfs mous aptitude pour la perfection de la sensation et incapacité pour la vigueur du mouvement. Tous ceux qui sont parfaitement mous sont absolument impropres au mouvement, ceux qui sont moins mous et qui déjà se rapprochent des nerfs moyens sont aussi des nerfs moteurs, mais sont bien inférieurs pour l’action aux nerfs durs. Sachez donc bien que la moelle épinière est le principe de tous les nerfs durs, que son extrémité inférieure est le principe des nerfs excessivement durs, que l’encéphale est le principe de tous les nerfs mous, que le centre de sa partie antérieure est assigné aux plus mous, que l’endroit où se rattachent l’encéphale et la moelle épinière est le principe de la substance des nerfs moyens.

Quand donc un nerf mou sort de l’encéphale, il est incapable d’être immédiatement nerf moteur, néanmoins, en s’allongeant et en s’avançant, s’il devient plus sec et plus dur qu’il n’était, il sera complètement nerf moteur. Comme, dès l’origine même, les uns sont plus mous, les autres moins mous, et qu’en avançant les uns se dessèchent plus vite, les autres plus lentement, il en résulte nécessairement que ceux-là deviennent nerfs moteurs, étant peu éloignés de leur principe et ceux-ci plus éloignés. Quelques nerfs cependant paraissent conserver très-longtemps leur nature primitive, par exemple les nerfs qui descendent à l’estomac demeurent pendant tout le trajet à peu près ce qu’ils sont à la naissance. Ils devaient continuer à être toujours nerfs sensitifs.

Parmi les nerfs de la troisième paire qui se rendent à la bouche, ceux qui s’insèrent immédiatement sur la langue (lingual) sont si mous qu’ils n’ont rien d’un nerf moteur. Ceux qui vont aux os de la mâchoire inférieure (dentaire fourni par le nerf maxill. infér.), dépassent les grosses dents, se sont desséchés dans le trajet même [du canal dentaire] et sont devenus plus durs ; ils aboutissent en dehors [par le trou mentonnier], au niveau des dents dites canines et se distribuent sur les muscles des lèvres. De même ceux qui, par les régions des yeux, arrivent aux os malaires (rameaux sous-orbitaires du maxill. super.) sont devenus si durs dans ce trajet que, bien que petits, ils sont capables de mouvoir [certains] muscles de la mâchoire supérieure et les ailes du nez.

Toutes ces observations s’accordent avec ce que nous avons dit