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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

avec avantage, mais pour avoir rendu des services dans la pratique de leurs arts. Esculape et Bacchus, qu’ils aient été d’abord des hommes ou qu’ils soient nés Dieux, ont été jugés dignes des plus grands honneurs, le premier parce qu’il inventa la médecine, le second, parce qu’il apprit à cultiver la vigne[1]. Si vous n’ajoutez pas foi à mes paroles, croyez du moins l’oracle d’Apollon Pythien ; c’est lui qui a déclaré Socrate le plus sage des mortels[2], et qui, s’adressant à Lycurgue, lui dit :

« Tu viens vers mon temple fortuné, ô Lycurgue, [agréable à Jupiter et à tous les dieux qui occupent les demeures de l’Olympe] ; je ne sais si je dois t’appeler un Dieu ou un homme, mais je crois plutôt, ô Lycurgue, que tu es un Dieu[3]. »

Le même oracle ne rendit pas un honneur moins grand à la mémoire d’Archiloque. Comme l’assassin de ce poëte voulait pénétrer dans le temple d’Apollon, le Dieu le chassa en lui disant :

« Tu as tué le nourrisson des Muses, sors de mon temple ![4] »


Chapitre x — Les suffrages de la foule ne suffisent pas pour relever la profession des athlètes ; ce n’est pas à la foule qu’on se confie pour les choses ordinaires de la vie, mais aux gens spéciaux et habiles. — Sentiment des poëtes et des autres écrivains sur la condition misérable des athlètes et sur leur inutilité. — L’auteur se propose de rechercher si la profession d’athlète a quelque utilité publique ou privée, et il rapporte à ce propos une anecdote sur Phryné.


Et vous, parlez-moi de pareils honneurs rendus aux athlètes ? Mais vous ne répondez pas parce que vous n’avez rien à dire, à

  1. « Hic est, dit Pline (Hist. nat., II, vi), vetustissimus referendi bene merentibus gratiam mos, ut tales numinibus adscribant. »
  2. « Sage Sophocle, plus sage Euripide, le plus sage des hommes, Socrate. » Cet oracle se trouve en entier ou en partie dans plusieurs auteurs anciens, et notamment dans Platon (Apol., p. 21 a) ; dans Xénophon (Apol. Socr., § 14) ; dans Diogène de Laerte (II, v. 28) et dans le scol. d’Aristophane (Nub., 98).
  3. Cet oracle en vers se trouve dans Hérodote (I, lxv). - Voy. aussi Xénophon (Lib. sup. laud., § 15). J’ai ajouté entre crochets les vers omis par Galien.
  4. Cette histoire est racontée par plusieurs auteurs, entre autres par Aristide (Oxon., 1730, t. II, p. 293), par Plutarque (De sera num. vind., xvii, p. 560 e), par Eusèbe (Præp. evang., V, xxxiii), et par Suidas (voce Ἀρχίλοχος). Le meurtrier d’Archiloque est nommé Callondas, le corbeau, par Plutarque et Suidas, et Archias par Œnomaüs, dans Eusèbe. - Voyez, pour plus de détails, Wyttenbach, Ad Plut., loc., laud.