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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

d’Athènes, et de Callicrate de Lacédémone[1]. Mais je crains que le métier d’athlète[2], qui se vante de donner la force au corps, qui

  1. « Oculorum acies vel maxime fidem excedentia invenit exempla… Callicrates ex ebore formicas et alia tam parva fecit animalia ut partes eorum a cæteris cerni non possent. Myrmecides quidem in eo genere inclaruit, a quo quadrigam ex eadem materia, quam musca integeret alis, fabricatam, et navem quam apicula pennis absconderet. » Pline, Hist. nat., VII, xxi. — Cf. aussi XXXVI, iv, 29, Varron, De Ling. lat., VII, i, et IX, 108, édit. Mueller, et Cicéron, Acad., II, xxxviii. — Plusieurs artistes des temps modernes, entre autres L. Séries (voy. Mariette, Pierres gravées, t. I, p. 424), ont rivalisé de patience et d’habileté avec les Myrmécide et les Callierate. — Je m’explique mal, je l’avoue, comment Galien a pu mettre sur le même rang les Funambules et de véritables artistes ; car ce n’est pas tout à fait le cas de répéter ici avec Martial (epigr. II, 86, v. 9-10) :

    Turpe est difficiles habere nugas,
    Et stultus labor est ineptiarum.

    Sans doute, on ne peut comparer ni Myrmécide et Callicrate, ni Séries, aux maîtres dans l’art du ciseleur ; on ne saurait nier néanmoins que les ouvrages infiniment petits et bien modelés, ne soient la preuve d’un talent réel, uni à une rare patience et à une extrême délicatesse de main. L’assimilation que fait Galien dans cet opuscule me paraît d’autant plus surprenante, que dans le traité De l’utilité des parties (voy. dans ce volume le chap. ier du livre XVII, vers la fin), il loue précisément un travail du genre de ceux de Callicrate.

  2. Galien ne manque jamais l’occasion de prodiguer les injures aux athlètes, qu’il ne craint pas de mettre au-dessous même des cochons (voy. plus loin, ch. xi. — Utrum medic. sit an gymn. hyg., xxxvii, t. V, p. 878 ; Parvæ pil. exercit., 3, ib., p. 905 ; Comm. IV in lib. Hipp. De alim., § 2, t. XV, p. 398). Longtemps avant lui, Solon (Diog. Laert., I, ii, 8), Xénophane, dans Athénée, X, vi, et Euripide, ibid., v (voy. ch. x, une partie de ce passage d’Euripide), avaient jeté un blâme sévère sur la profession des athlètes, attendu qu’elle ne se prêtait ni à former de braves soldats, ni à procurer de bons administrateurs à l’État. Platon est du même avis (De republ., III, p. 403 e). À l’origine de la société grecque, la gymnastique n’avait pour but que de rendre le corps à la fois plus robuste et plus agile ; mais elle devint bientôt une espèce d’entraînement, et déjà, au temps de Pindare, elle avait dégénéré ; aussi, dans les louanges que le poëte thébain prodigue aux vainqueurs, doit-on voir plutôt l’enthousiasme de l’imagination dominée par le côté brillant des jeux, que le sentiment de la complète réalité. — Ni Platon (voy. A. Kapp, De Plat. re gymnast., Hammonæ, 1828, 4o), ni Galien, ne confondaient la gymnastique proprement dite avec les exercices athlétiques ; ce dernier regarde au contraire la gymnastique comme une partie de la médecine ou plutôt de l’hygiène. Faber, dans son Agonisticon, chap. ii, ne paraît pas avoir bien compris cette importante distinction du médecin de Pergame.