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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, iv.

pourriez leur comparer aucun des filets travaillés par la main des hommes. Ce n’est pas non plus d’une matière commune qu’il est formé : la plus grande partie des artères (carotides primitives — voy. Dissert. sur l’anat.) remontant du cœur à la tête a été employée par la nature à cet admirable réseau. De ces artères se sont détachées de petites ramifications sur le cou, la face et les parties externes de la tête. Tout le reste qui de sa source s’était élevé en ligne droite, montant vers la tête par le thorax et le cou, est accueilli avec faveur dans cette région du crâne qui, percée de trous, la fait passer sans danger dans l’intérieur de la tête.

Vous pensez peut-être que la dure-mère les a aussi revêtus [immédiatement] et qu’elle a été traversée en ligne droite par le courant des vaisseaux ; et, après tout cela, on pouvait croire que ces artères s’empresseraient d’arriver à l’encéphale ; mais il n’en est pas ainsi : dépassant le crâne dans la région située entre celui-ci et la dure-mère, elles se divisent d’abord en un grand nombre de branches très-petites et déliées. Alors se portant, les unes à la partie antérieure de la tête, les autres à la partie postérieure, celles-ci au côté gauche, celles-là au côté droit, et s’entrelaçant, elles font croire qu’elles oublient la route de l’encéphale. Mais cela non plus n’est pas exact. En effet, toutes ces nombreuses artères venant de nouveau à se réunir, comme des racines en un tronc, engendrent une autre paire d’artères semblable à celle qui a déjà donné naissance au réseau ; ces artères pénètrent alors dans l’encéphale par les trous de la dure-mère.

Mais quelle est cette disposition merveilleuse et pourquoi a-t-elle été créée par la nature, qui ne fait rien sans but ? Si vous vous rappelez ce que nous avons dit et démontré lorsque nous expliquions les dogmes d’Hippocrate et de Platon (VII, iii et suiv.), vous puiserez dans ces souvenirs une nouvelle confirmation de nos observations actuelles, et vous découvrirez aisément l’utilité de ce plexus. En effet, quand la nature veut élaborer parfaitement une matière, elle lui ménage un long séjour dans les organes de coction. Nous avons déjà démontré ce fait en maints endroits ; pour le moment, citons les circonvolutions variqueuses [du cordon spermatique] où elle prépare le sang et le pneuma propre à la production du sperme : cet exemple nous suffira à expliquer le cas actuel. Les veines et les artères forment dans ce canal mille replis variés ;