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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, i-ii-iii.

fortement. C’est encore ainsi que souvent des ouvriers unissant avec des chevilles nombreuses des machines, les adaptent de manière à ne pouvoir être séparées. C’est un second exemple d’ajustement qu’on peut ajouter à celui du rapprochement des scies. Vous n’auriez pas tort de comparer cette articulation à des vêtements composés de lambeaux cousus ensemble. C’est de là, je pense, que leur vient le nom de suture, que leur ont donné les anciens et qu’elles conservent encore maintenant.

Pourquoi donc la nature n’a-t-elle pas percé l’os de la tête, comme l’os du palais, d’ouvertures étroites semblables à de petites cavités ; ou pourquoi ne s’est-elle pas contentée des seules cavités de ce dernier os ? La raison en est que ces petites cavernes devaient aboutir nécessairement des deux côtés à la partie écailleuse, lisse et dense du crâne, attendu qu’elles devaient être par la face interne en contact avec les méninges, et par la face externe avec la membrane dite péricrânienne, et, qu’en vue d’une autre utilité, l’os de la tête devait se diviser en plusieurs-parties, ainsi qu’il a été démontré dans le livre précédent (chap. ix).

Si donc les trous, en demeurant découverts, pouvaient racler et blesser de leurs aspérités les corps voisins et s’il était inutile de percer l’écaille extérieure, puisque la nature devait diviser en plusieurs parties l’os de la tête, c’est avec raison qu’elle a fait servir les sutures à l’expiration ; car, ainsi qu’il a été souvent démontré (voy. par exemple IV, vii), il vaut mieux qu’un petit nombre d’organes servent à beaucoup de fonctions et d’utilités que de voir beaucoup d’organes servir à peu d’utilités et de fonctions. Aussi le livre précédent (chap. ix) a montré que la membrane péricrânienne devait être attachée à la dure-mère, d’où la nécessité des sutures. Ce livre-ci expose une seconde utilité des sutures.

Une troisième utilité concerne les vaisseaux ténus qui en sortent ; la nature leur eût donné, comme aux gros vaisseaux, des ouvertures propres à leur dimension si, voyant la nécessité de créer des sutures, elle ne les eût aussi employées à cette fin. La partie la plus épaisse des superfluités fuligineuses est donc expulsée uniquement par les sutures. Le crâne lui-même est perméable aux plus ténues ; il le serait aussi aux plus grossières, puisqu’il est caverneux, s’il n’avait fallu, comme il a été dit, que sa surface fût lisse et continue des deux côtés.