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DU CRÂNE, DE L’ENCÉPHALE ET DES NERFS CRÂNIENS.

qu’ils se rétractent aussitôt que l’évacuation est opérée. Dans le crâne cependant (c’est le nom de l’os qui entoure l’encéphale, voy. VIII, ix, p. 555), la nature à ouvert des méats manifestes à ces superfluités vaporeuses et fuligineuses, non-seulement pour la cause énoncée, cause commune à toutes les parties, mais encore pour une cause spéciale, dérivant de sa position. En effet, la tête est placée au-dessus de toutes les parties du corps, comme un toit sur une maison chaude. Or, toutes les superfluités fuligineuses et vaporeuses des parties inférieures remontant, la tête qui les reçoit a besoin d’une évacuation plus abondante.

Mais comme il était nécessaire que l’encéphale fût protégé par un rempart solide et qu’en conséquence la nature, au lieu de confier sa défense à la peau seulement, comme elle a fait pour le ventre, l’a revêtu comme d’un casque, avec un os établi sous la peau, non-seulement l’encéphale ne serait pas pourvu de moyens d’évacuations plus abondants que les autres parties, mais elle n’en aurait pas même possédé de médiocres, si la nature ne lui eût ménagé une perspiration considérable en créant l’os de la tête caverneux, et aussi en l’articulant d’une façon variée au moyen de ce qu’on nomme sutures[1]. Quiconque les a vues et sait ce qu’elles sont, comprend déjà ce dont il s’agit ; pour qui ne les connaît pas, en voici la description.

Les deux os qui se rapprochent pour engendrer une suture présentent alternativement une proéminence et une anfractuosité. La proéminence ressemble beaucoup, pour la figure, aux ongles de la main ; l’anfractuosité est en harmonie avec une semblable figure. Chacun des os, recevant dans ses cavités les éminences de l’autre, offre donc dans l’ensemble de l’articulation une figure très-semblable à celle de deux scies qui se rapprocheraient par leurs dents exactement engrenées les unes dans les autres. Il est clair que ce mode d’articulation a été créé en vue de la sûreté, afin que le mouvement ne vînt pas parfois à écarter les sutures trop

  1. Rufus, De partibus corp. hum., p. 34, éd. Clinch, nous apprend que les noms propres de chaque suture ne sont pas anciens, et qu’ils ont été imaginés par certains médecins égyptiens mal habiles dans la langue grecque. On ne trouve, en effet, ces noms ni dans Hippocrate ni dans Aristote. — Voy. aussi la Dissertation sur les termes anatomiques.