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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, i.

quelques particules des sucs malsains. C’est là la première conséquence fâcheuse.

La seconde, c’est que les matières entassées, pourrissant avec le temps et devenant ainsi plus âcres et plus chaudes, engendrent les phlegmasies, les érysipèles, les herpès, les anthrax, les fièvres et mille autres maladies.

Pour que rien de semblable n’arrive, surtout dans les parties importantes, la nature a pourvu avec grand soin à l’excrétion des superfluités. Comme celles-ci sont de deux sortes, les unes vaporeuses et fuligineuses, avec une tendance naturelle à monter, les autres aqueuses et chargées de matières qui sont portées d’elles-mêmes à descendre, la nature leur a ouvert des méats excrétoires de deux sortes : elle a placé dans le lieu le plus élevé ceux qui expulsent les superfluités légères, et établi en pente ceux qui expulsent les matières lourdes et qui tendent vers le bas. Pour ces derniers, outre qu’elle les a disposés en pente, elle les a faits encore suffisamment larges, attendu qu’ils sont destinés à servir de canaux à des humeurs abondantes et épaisses ; quant aux autres, elle ne les a percés que de trous étroits en rapport avec la ténuité des superfluités. Les méats en pente de l’encéphale, au moyen du palais et au moyen des fosses nasales, déversent dans la bouche par de larges et manifestes orifices des superfluités épaisses très-visibles.

Quant aux excrétions des superfluités vaporeuses, il n’est pas toujours possible de les distinguer nettement, ni celles qui s’opèrent dans le corps, ni celles de la tête ; car parfois leur ténuité les dérobe à nos yeux ; mais, dans les parties humides et molles du corps, il n’a pas même été assigné de voie spéciale pour aucune évacuation de ce genre, la nature de tous les corps humides et mous étant de céder promptement et d’ouvrir passage aux substances qui les traversent avec un élan assez rapide, puis, ces substances passées, de se rapprocher, de se resserrer à l’instant, en reprenant leur ancienne unité. Pour les corps durs, aucune substance ne peut les traverser si l’on n’a pas d’abord ménagé quelque chemin dans ces corps. Ainsi, dans l’encéphale même, dans les méninges et dans la peau de la tête, il n’était pas nécessaire qu’il existât des méats distincts pour l’évacuation des vapeurs, et, s’il y en avait, on ne pourrait les apercevoir avec les sens, attendu