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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.



Chapitre xiii. — La pie-mère ne se comporte pas avec le cervelet comme avec le cerveau. — Différence de structure entre ces deux parties de l’encéphale. - Érasistrate a insisté avec raison sur cette différence, mais il a eu tort de croire que l’intelligence est d’autant plus développée que les circonvolutions de l’encéphale sont plus nombreuses.


Arrivé à ce point du discours, il ne faut pas laisser sans explication la forme du cervelet. Ce n’est pas de grandes circonvolutions séparées par la pie-mère, comme l’encéphale, qu’il est composé, mais de corps nombreux, de corps très-petits autrement disposés que dans celui-ci. En effet, si le pneuma psychique est renfermé dans toute la substance de l’encéphale et non pas dans ses ventricules seulement, comme nous l’avons démontré ailleurs (Dogmes d’Hipp. et de Platon, VII, iii), il faut croire que, dans le cervelet qui devait être le principe des nerfs du corps entier, ce pneuma se trouve en très-grande abondance et que les régions intermédiaires qui en relient les parties sont les chemins de ce pneuma.

Érasistrate démontre très-bien que l’épencranis (il nomme ainsi le parencéphale, voy. p. 558, note 1) est d’une composition plus variée que l’encéphale ; mais quand il prétend que l’épencranis, et avec lui l’encéphale, est plus complexe chez l’homme que dans les autres animaux, parce que ces derniers n’ont pas une intelligence comme l’homme, il ne me paraît plus raisonner juste, puisque les ânes mêmes ont un encéphale très-compliqué, tandis que leur caractère imbécile exigerait un encéphale tout à fait simple et sans variété. Il vaut mieux croire que l’intelligence résulte du bon tempérament du corps chargé de penser, quel que soit ce corps, et non de la variété de sa composition. Il me semble, en effet, que c’est moins à l’abondance qu’à la qualité du pneuma psychique qu’il faut rapporter la perfection de la pensée. Mais maintenant, si quelqu’un ne vient pour ainsi dire mettre un frein à ce discours, il va s’attaquer à des sujets plus hauts que ceux qu’il se propose, il se laissera entraîner à des digressions ; pourtant, se garder absolument de parler de la substance de l’âme quand on explique la structure du corps qui le renferme, est chose impossible ; mais, si cela est impossible, il est possible aussi de se détourner promptement d’un sujet sur lequel on ne doit pas insister.